
Par Willy Renaud Edo’o
Il y a des moments en politique où le silence devient une force, mais il y a aussi ces instants rares où la parole devient un acte d’État. Cette première semaine d’avril 2025, Paul Biya n’a pas simplement communiqué. Il a enseigné. Il n’a pas répondu à ses adversaires. Il les a dépassés. Il n’a pas attaqué : il a déconstruit. Il a pris le brouhaha ambiant de certains leaders de l’opposition, l’a mis à nu, et a posé, calmement, fermement, la seule doctrine politique qui vaille dans un État en quête d’émergence : l’unité nationale comme socle de toute ambition collective.
Ceux qui crient au marketing politique, à la stratégie numérique d’un président « en campagne », n’ont rien compris à la gravité du moment. Paul Biya n’a pas parlé pour plaire. Il a parlé pour prévenir. Pour barrer la route aux idéologies sournoises qui, sous des dehors républicains, travaillent à diviser le pays. Et ce qu’il a offert au peuple, c’est bien plus qu’une suite de phrases : c’est une architecture politique, une philosophie présidentielle, un rempart républicain contre le tribalisme qui menace de gangrener notre avenir.
CABRAL LIBII : LE FÉDÉRALISME COMMUNAUTAIRE OU L’ETHNISATION DOUCE DE LA RÉPUBLIQUE
Cabral Libii, dans son costume d’intellectuel jeune et disruptif, tente depuis des années de vendre un projet qui, en apparence, sent bon la modernité : le fédéralisme communautaire. Mais derrière les formules séduisantes, le vernis craque. Ce projet n’est rien d’autre qu’un communautarisme territorial maquillé, une tentative de répartition du Cameroun en zones identitaires. Une sorte de « chacun chez soi » qui tuerait dans l’œuf l’idée même de vivre-ensemble.
En vérité, son fédéralisme est une fracture. Et ce que Paul Biya a dit lundi dernier, avec une élégance statutaire, c’est que le Cameroun n’avancera pas par précipitation idéologique. Il avance au rythme de sa cohésion. À ceux qui confondent vitesse et stratégie, le Président oppose la sagesse du bâtisseur : « J’ai toujours choisi de considérer le pluralisme ethnique comme une richesse. » Là où certains veulent découper, Paul Biya continue de rassembler.
MAURICE KAMTO : LES DERIVES D’UN NATIONALISME EXCLUANT
Avec Maurice Kamto, le discours est plus sophistiqué. Le verbe est élégant, mais le sous-texte est souvent dangereux. Il parle d’unité, tout en cultivant une base communautarisée. Il fustige le tribalisme, tout en laissant prospérer un discours de victimisation ethnique. Il parle République, mais certains de ses partisans rêvent d’un Cameroun ethniquement reconstruit.
Mardi, Paul Biya ne cite personne, mais il vise juste : « La diversité ethnique, lorsqu’elle est exploitée par des individus sans foi ni loi […] devient une menace. » La formule est chirurgicale. Elle démonte tous les discours qui, sous couvert d’alternance, diffusent la division. Ce n’est pas une opposition qu’on entend dans ces discours, c’est un ressentiment tribal déguisé en projet politique.
PAUL BIYA : UN PRÉSIDENT QUI ÉLÈVE LE DEBAT LÀ OÙ D’AUTRES L’AVILISSENT
Là où ses opposants cherchent la polarisation, Paul Biya prône le compromis. Mercredi, il érige le pluralisme non comme une faille à corriger, mais comme une force à magnifier : « Une société de compromis, de tolérance et de modération. » Ce sont là les mots d’un homme d’État, pas d’un tribun.
Et jeudi, c’est la puissance de la rue qu’il convoque : « On est ensemble ». Ce n’est pas une formule de ralliement. C’est un ciment national. Paul Biya prend une expression populaire, et l’élève au rang de principe politique. À ceux qui veulent faire du Cameroun une mosaïque de replis identitaires, il oppose la mémoire du peuple, la sagesse des marchés, la parole de la rue : « On est ensemble. »
L’AVERTISSEMENT SOLENNEL D’UN HOMME D’EXPÉRIENCE
Et puis vient vendredi. Le message est grave. Présidentiel. Inattaquable. Paul Biya parle des « démons du clanisme, du tribalisme et du régionalisme ». Ce ne sont pas des métaphores. Ce sont des réalités qui rôdent. Le Cameroun les a déjà vues. Il les a combattues. Il ne les tolérera pas.
Dans cette phrase, il ne s’adresse plus à ses adversaires. Il parle à la République. Aux élites. À la jeunesse. Aux militaires. Aux journalistes. Il dit : attention à ce que vous laissez prospérer. Le Cameroun est une construction patiente. Elle ne peut être sabotée par des ambitions personnelles.
UN PRÉSIDENT, PAS UN INFLUENCEUR.UN GUIDE, PAS UN POPULISTE
Que ce soit clair : Paul Biya n’est pas en campagne. Il est dans son rôle. Celui de garant de la nation. Celui de père de la République. Celui qui parle quand les mots doivent poser des garde-fous. Sa parole n’est ni émotionnelle, ni électoraliste. Elle est stratégique.
Ses messages ne cherchent pas à séduire les foules. Ils posent les fondations d’une paix durable. Là où Cabral propose des découpages, Paul Biya propose des ponts. Là où Kamto exacerbe les douleurs du passé, Paul Biya investit dans la mémoire partagée. Là où certains fantasment un Cameroun fragmenté, Paul Biya continue de bâtir un Cameroun intègre, indivisible, viable.
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