ANDRÉ MARIE MBIDA : HOMMAGE MÉRITÉ À UN DES PÈRES FONDATEURS DU CAMEROUN

Du 02 au 04 Mai prochain, les villes de Yaoundé et d’Efok vont vibrer au rythme de l’hommage rendu à son Excellence André Marie Mbida, le tout premier premier ministre du Cameroun. Cette commémoration qui interpelle la conscience nationale, intervient dans la foulée du 45 ème anniversaire, de la disparition de celui qui est considéré par presque tous, comme le père de la République moderne du Cameroun. Évocation d’une figure marquante du nationalisme Camerounais, qui a écrit en encre indélébile une page importante de l’histoire de ce pays d’Afrique Centrale.

ANDRÉ MARIE MBIDA : PORTRAIT

Les sources disponibles se querellent autour de la date exacte de sa naissance. Certaines là situent au 25 Mai 1914, d’autres au 1er Janvier 1917. La seule constante demeure que André Marie Mbida est né sous la bonne étoile, et avec la bénédiction des dieux et des ancêtres de Endinding, un village situé dans le département de la Lékié, à une soixantaine de kilomètres de Yaoundé. Il entame ses études primaires à Efok avant de les poursuivre au petit séminaire d’Akono, où il a pour camarades de classe un certain Fulbert Youlou futur Président de la République du Congo, et Barthélémy Boganda lui aussi grand homme d’État en République Centrafricaine.
André Marie Mbida va ensuite étudier la philosophie et la théologie au grand séminaire de Mvolyé, il pense même à devenir prêtre avant finalement de renoncer. André Marie Mbida est issu de l’aristocratie traditionnelle, il est fils de sa Majesté Simon Monbele Ongo Nanga, une autorité traditionnelle respectée et crainte qui en son temps s’éleva courageusement contre le colonialisme Allemand.
Autant donc dire que André Marie Mbida a le nationalisme dans les gènes.

Directeur d’école rurale, enseignant de philosophie et de Latin, André Marie Mbida aura aussi trouvé le temps de compléter ses études par un parcours juridique. Fort de cette solide formation académique il entame sa carrière professionnelle en tant qu’ agent du trésor à Yaoundé puis agent d’affaires à Ebolowa. Sa fibre nationaliste, dispose l’homme politique qui sommeille en lui. André Marie Mbida s’engage donc comme militant au sein du Bloc démocratique Camerounais (BDC), parti politique fondé par Louis Paul Aujoulat. Il gravit rapidement les échelons, et en devient un cadre quasi indispensable avant finalement de démissionner et de fonder son propre parti politique; le Parti des Démocrates Camerounais (PDC).

ANDRÉ MARIE MBIDA … UN DESTIN DE PREMIER

Le parcours politique du natif d’Endinding va révéler au monde entier, un homme d’État enraciné dans les valeurs humaines les plus universelles. Courageux et opiniâtre, le nationaliste que les encyclopédies qualifient aussi de pragmatique
n’a pas eu peur d’affronter l’ordre colonial impérialiste français qui travaillait d’arrache-pied à dévoyer l’indépendance qui lui et les autres nationalistes tentaient d’obtenir pour le Cameroun.
Aussi la suite de son histoire s’écrit donc en au premier rang de tout ce qui existe.

Premier Camerounais à être élu à l’Assemblée nationale française, André Marie Mbida va aussi devenir le tout premier Ministre du Cameroun, le tout premier Chef d’État de ce pays d’Afrique noire qui a montré aux autres la voie de la souveraineté. C’est en sa qualité de premier Chef d’État et de gouvernement, que le natif d’Endinding, celui là même qui osa tenir tête à Louis Paul Aujoulat, au Général de Gaulle et à la France officielle d’alors adopta le premier drapeau du Cameroun, son premier hymne national et sa première devise. André Marie Mbida fut aussi le premier prisonnier politique du Cameroun dit indépendant.

Son règne à la tête du gouvernement bien qu’éphémère ( neuf mois seulement) du 12 Mai 1957 au 16 Février 1958 fut pourtant marquant. André Marie Mbida s’est refusé au compromis et compromissions auxquels a tenté de le soumettre Louis Paul Aujoulat. Ce dernier face à « l’irredentisme » de MBIDA, se voit obligé de composer avec Ahidjo visiblement plus souple. Pour parler de André Marie Mbida Enoh Meyomesse historien et auteur Camerounais déclare : « son semblable dans l’Afrique noire de cette époque n’est autre que le Guinéen Sékou Touré » voilà qui situe la véritable dimension de André Marie Mbida, l’homme à qui le Cameroun s’apprête à rendre hommage.

HOMMAGE MÉRITÉ POUR UNE FIGURE ENCORE PEU CONNUE DES MASSES

Offices religieux, Conférences débats, exposés, témoignages, projection documentaire, compétitions sportives, sont les principales activités qui vont articuler l’hommage de 48 heures dont va bénéficier le fondateur des ordres nationaux Camerounais. Des universitaires de haut vol et des têtes couronnées de la vie publique Camerounaise sont attendus lors de ces deux jours d’hommage.

Le professeur Joseph Vincent Ntuda Ebode, de la Faculté des sciences politiques de l’Université de Yaoundé 2 prendra la parole sous le thème « André Marie Mbida et la question de l’indépendance du Cameroun », son homologue Joseph Ndzomo Mole de la faculté de philosophie de l’Université de Yaoundé 1 animera une conférence intitulée « André Marie Mbida sauva l’honneur du Cameroun ». Le professeur Cécile Dolissane Ebosse de la faculté des lettres et civilisations africaines de l’Université de Yaoundé 1, guidera la réflexion autour de « André Marie Mbida ou l’affirmation des valeurs civilisationnelles noires sur les traces de Aimée Césaire? », tandis que l’historienne Dr Alvine Assembe Ndi questionnera André Marie Mbida sous le prisme de l’opposant défenseur de la démocratie Camerounaise.
Il reviendra au Dr Jean Chrysostome Bilobe Ayissi historien militaire à l’Université de Yaoundé 1, de faire le procès de l’incarcération de André Marie Mbida. Le Dr Tomo Ndjobo va évoquer André Marie Mbida comme l’architecte du nationalisme Camerounais et de la transition vers l’indépendance. Il faudra également suivre l’ingénieur agronome Victor Bella sur les raisons de l’échec politique de André Marie Mbida.

Si l’hommage à André Marie Mbida bénéficie du soutien du Cabinet civil de la Présidence de la République du Cameroun, il faut cependant noter qu’il demeure largement une initiative de la famille nucléaire du tout premier Chef d’État et de gouvernement du Cameroun. Toute chose déplorée par plus d’un observateur qui estime que l’État du Cameroun devrait en plus de prendre sur lui l’initiative de l’organisation de pareil hommage, se donner les moyens de diffusion de l’histoire unique
d’ André Marie Mbida mais aussi, de toutes les autres figures encore peu connues ou mal connues de l’histoire du Cameroun.

Michel MBARGA ABEGA

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