
Le collectif STOP FÉMINICIDES 237, dans sa déclaration du 16 octobre 2025, exprime sa déception face au verdict rendu par la Cour d’appel du Littoral.
Au lendemain de la décision prononcée par le président du tribunal, M. Billong Raymond, la justice a maintenu le chef d’accusation retenu en première instance : « coups mortels ». Le juge a également annoncé l’émission d’un mandat d’arrêt contre le condamné, afin qu’il purge sa peine.
Pour Me Charlotte Tchakounte, avocate de la famille de la victime, et pour les proches de Diane Yangwo, la requalification des faits en « assassinat » aurait été plus juste. Néanmoins, ils reconnaissent que cette décision est nettement plus sévère que celle rendue en première instance — laquelle avait condamné l’accusé à cinq ans de prison avec sursis — et qu’elle apporte un léger soulagement.
Le collectif STOP FÉMINICIDES 237, pour sa part, reste insatisfait. Il dénonce l’absence de reconnaissance du féminicide dans le système judiciaire camerounais, et publie un communiqué intitulé :
« Un verdict en demi-teinte face à l’urgence de reconnaître le féminicide ». Lisons ensemble :
JUSTICEPOURDIANEYANGWO
UN VERDICT EN DEMI-TEINTE FACE À L’URGENCE DE RECONNAÎTRE LE FÉMINICIDE
À l’attention de l’opinion publique nationale et internationale,
Le collectif STOP FÉMINICIDES 237 a suivi avec une vigilance accrue le procès en appel de l’affaire #JUSTICEPOURDIANEYANGWO, un cas emblématique de la banalisation des féminicides dans notre société.
Le 18 novembre 2023, Diane Yangwo a été battue à mort par son mari, M. Bekobe Eric. Condamné en première instance le 1er avril 2025 à une peine dérisoire de cinq ans de prison avec sursis et une amende de 52 000 francs CFA, après avoir plaidé coupable de « coups mortels », M. Bekobe – détenu provisoirement depuis 2023 – a été libéré, provoquant une indignation légitime et collective. Ce verdict initial illustrait cruellement l’impunité qui entoure trop souvent les violences conjugales mortelles.
Le procès en appel, entamé en mai 2025, a rendu son verdict le 15 octobre 2025 : M. Bekobe Eric, absent depuis le début des audiences, a été condamné à 20 ans de prison ferme. Un mandat d’arrêt international a été émis à son encontre. La famille de la défunte Diane Yangwo a courageusement refusé toute forme de compensation en dommages et intérêts, affirmant avec force que rien ne saurait remplacer la vie de leur sœur et fille.
Cependant, ce verdict nous laisse un sentiment mitigé. Malgré les arguments solides présentés par Me Tchakounte, avocate de la famille de la victime, les juges ont refusé de requalifier les faits en « assassinat ». Cette décision met en lumière une faille structurelle dans notre système judiciaire : l’absence de reconnaissance pénale spécifique du féminicide. Nous, militantes de STOP FÉMINICIDES 237, exigeons une réforme urgente de la loi pour intégrer le féminicide comme infraction distincte. Sans cette avancée, les tribunaux continueront de minimiser les assassinats de femmes, perpétuant un cycle d’impunité et sapant toute volonté politique réelle de protéger les femmes et les filles camerounaises.
Nous interpellons les autorités compétentes – gouvernement, forces de l’ordre et instances judiciaires – à veiller scrupuleusement à l’exécution de cette sentence. M. Bekobe Eric reste introuvable, en appelant à une mobilisation immédiate pour sa localisation et son arrestation. Notre collectif demeure en alerte permanente, engagé à combattre l’invisibilisation et la banalisation des violences qui coûtent la vie à tant de femmes et de filles au Cameroun.
Le temps des demi-mesures est révolu : il est impératif d’agir maintenant pour éradiquer les féminicides et bâtir une société où les femmes et les filles vivent en sécurité et en dignité.
Fait à Yaoundé, le 16 octobre 2025
Le Collectif STOP FÉMINICIDES 237