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Afrique : Bechir Ben Yahmed a cassé sa plume

Le fondateur de Jeune Afrique est décédé le 03 Mai 2021 à Paris. La presse africaine perd ainsi un journaliste de calibre, mais surtout une mémoire légendaire.

Le Covid-19, a eu raison de Bechir Ben Yahmed (BBY) en France. Ce grand patron de la presse, natif d’Afrique notamment de la Tunisie est né le 2 Avril 1928. Il s’est éteint au moment où le monde célébrait la journée internationale de la liberté de la presse. Les dieux de la presse auraient décidé, de rappeler l’âme d’un homme libre de sa presse. Son départ, sera ainsi gravé dans les esprits à jamais. Il faudrait de même dire que, ses reliques parleront désormais pour lui.

Il était un homme d’action.

Il était un homme d’ambitions. Très tôt, il sera militant du Neo-Destour. C’est à cet effet, qu’il a été très jeune ministre dans le tout premier gouvernement de la Tunisie indépendante. À son amour pour la politique, se greffe son faible pour le journalisme.

De la rupture politique pour le journalisme

Mis au front de ses multiples carrières, BBY choisit de privilégier le journalisme. Justifiant son choix, l’on peut retenir de lui que la politique se veut compromettante. Pour s’expliquer sur l’arrêt de sa carrière politique, il disait :  » Je ne veux juste pas faire de la politique, car je ne veux pas faire ce que les hommes politiques font pour obtenir des voix « . En 1956, il lançait l’hebdomadaire l’Action, qui devint en 1960 Afrique Action. Mais, l’année suivante il va se rebiffer, pour devenir Jeune Afrique.

Parti de Tunis en 1962, il s’installa à Rome. Mais l’ambition prendra le dessus, et l’amènera en 1964 à Paris. Il s’y installera et son groupe avec.

Bechir Ben Yahmed avait une vision

L’lorsqu’il mettait Jeune Afrique en place, s’était dans un but précis. Il comptait ainsi, accompagner le mouvement d’émancipation des peuples africains. Il faut cependant rappeler qu’à l’orée des indépendances de 1960, il a pris part avec son journal, aux combats qui ont marqué l’histoire du continent.

Bechir Ben Yahmed

Il avait axé son travail sur la lutte contre les partis uniques. Et donc farouchement opposé à la dictature. La démocratisation dans les années 1970-1980, était son leitmotiv. Le volet économique, ne lui avait pas échappé. Avec pour seule arme sa plume, il va militer pour l’indépendance économique de l’Afrique entre 1990 et 2000. Aussi, il s’intéressera à l’inclusion de l’Afrique, à la mondialisation dans les années 2000- 2020.

L’homme témoin de l’histoire

L’on pourrait assimiler Bechir, à une bibliothèque consumée. Il a été témoin des soubresauts de l’Afrique et moyen Orient. Durant sa carrière, il a été au contact des personnalités influentes du continent. Bechir Ben Yahmed, a coédité les mémoires de Sedar Senghor, Houphouët Boigny, Hassan II. À côté de ces noms, l’on ne saurait manquer de citer les français, Jacques Foccart et François Mitterrand.

Dans les années 1960, il avait côtoyé Che Guevara à Cuba. Pendant la guerre du Vietnam, il rencontre à Hanoï, Ho Chi Minh. Kwame Nkrumah du Ghana, Patrice Lumumba et Ben Bella d’Algérie, ont connu le journaliste de près. Bechir Ben Yahmed est pratiquement l’un des derniers témoins, des indépendances de l’Afrique. Il faut préciser pour le cas, qu’il s’agit de la période post coloniale.

L’héritage mémorable

Le séjour terrestre de Ben, lui aura permis de graver son nom en lettre d’or. Autour du journal Jeune Afrique, un groupe empirique s’est constitué. Ce groupe s’avère, une véritable école de journalisme. Cette école a vu passer, de grands journalistes, aux rangs desquels, Frantz Fanon. Et récemment encore, les prix Goncourt Amin Maalouf et Leila Slimani.

À la fin de la décennie 2020, il avait passé les rênes à ses fils Amir et Marwane. Rappelons que, c’est son épouse Danielle qui a lancé la maison d’édition du groupe. Elle aura été pour beaucoup, aux côtés de son époux. L’homme nourrissait une grande passion pour l’actualité. En 2003, il mit sur pieds un nouveau projet. C’était la Revue Magazine de réflexion sur l’actualité internationale. Celui-ci fut mensuel pendant quelques années, puis devint bimestriel. C’est donc ainsi qu’il aura marqué de son empreinte, dans le landerneau médiatique mondial.

DONALD ARMEL OMOLOBINA

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