Hocine Houame Originaire d’Alger la blanche (Algérie), un pied dans le nord et l’autre dans le grand sud Algérien, son cœur bat toujours pour les démunis, ceux qui sont dans le besoin, régulièrement ses interventions figurent dans la liste des actions humanitaires, souvent classées risqués et dangereuses ,renvoyées vers des endroits les plus reculés du pays, là où la folie peut frapper à cause de la solitude, en général peu de gens peuvent s’aventurer la bas. Mais cette fois- ci, Hocine nous livre un récit un peu particulier sur les immigrants qui arrivent de partout d’une Afrique profonde d’où une origine appelée « subsaharienne ».
Lors de ma dernière visite à Tamanrasset, la situation anarchique des immigrants m’a fortement interpellé, provoquant chez moi un déclic qui a causé l’envie irrésistible de mener une recherche sur la situation quasiment désastreuse des immigrants subsahariens en Algérie.
Je me suis donc intéressé à la situation des communautés immigrées, ce qui m’a permis d’établir des liens d’amitié et m’a conduit à rencontrer des personnes-ressource, notamment des représentants de « la fédération des artisans nigériens » qui m’ont largement éclairé sur le vécu des immigrants à Tamanrasset.
Comprendre les problèmes des immigrants d’une part et essayer de trouver des solutions à leur situation d’autre part, ont ainsi été les deux raisons qui m’ont poussé à écrire le présent document, conçu comme une simple contribution au débat sur un sujet d’une importance capitale.
Le phénomène de l’immigration irrégulière que connaît l’Algérie est principalement lié à l’écart de développement économique, sanitaire et sécuritaire existant entre l’Algérie et les pays subsahariens.

Le pays continue ainsi d’accueillir des étrangers soumis à la pression du transit des migrants irréguliers qui cherchent à rallier l’Europe dans un contexte où la migration subsaharienne obéit à la proximité géographique, à l’histoire des peuples, et aux échanges économiques séculaires.
L’Algérie, de par sa position centrale dans le Maghreb est sans doute le pays qui accueille le plus d’étrangers subsahariens, et où, dans un mouvement naturel, les migrants convergent vers des wilayas précises, celles d’Adrar, de Ouargla, de Ghardaïa et, bien évidemment, celle de Tamanrasset qui est devenue le poste d’entrée des migrants irréguliers.
Aussi, à Tamanrasset se développe une dynamique démographique particulière qui souvent accentue les tensions chez les autorités sécuritaires et administratives, confrontées tous les jours au règlement des problèmes causés par ce fléau migratoire insuffisamment contrôlé ; la santé, l’alimentation, la scolarisation, la sécurité, l’habitat précaire et autres formes de misère font partie des dossiers que l’administration doit examiner tous les jours face au quotidien précaire des immigrants.
Les statistiques attestent selon le Haut-commissariat aux réfugiés des Nations Unies (HCR) de la présence d’environ 320 000 étrangers en Algérie.
En outre, selon l’organisation internationale pour les migrations (OIN), l’Algérie a expulsé vers le Niger plus de 35 000 nigériens depuis 2014 ainsi que 8 000 autres migrants d’Afrique de l’ouest depuis 2017.
Ces expulsions sont souvent vécues de manière dramatique, et d’après Felipe Gonzalez Morales, Rapporteur spécial sur les droits de l’homme des migrants des Nations Unies : « Parmi ces immigrants, les nigériens vivaient et travaillaient depuis plus de 20 à 30 ans en Algérie où leurs enfants sont nés et sont scolarisés. Ces derniers ont été raflés à leurs domiciles en pleine nuit puis déportés par bus vers la frontière du Niger où ils doivent marcher pour rejoindre la ville la plus proche. »
Alger avait réfuté les accusations de mauvais traitement et de rapatriement forcé et Felipe Gonzales Morales avait à ce sujet omis de décrire la situation exacte des immigrants en Algérie qui, il faut le dire, bénéficient d’une grande tolérance de la part des autorités et d’un espace de liberté et de sécurité qui leur permet de circuler sur tout le territoire algérien. Ils bénéficient également de la santé et de la scolarisation gratuites, hormis le fait qu’un grand nombre d’entre eux travaillent dans plusieurs domaines : bâtiments, travaux publics, artisanat, agriculture et autres.
Cela dit, les accords bilatéraux entre l’Algérie et des pays tiers apportent des clauses d’exception pour certaines catégories de migrants où notamment les ressortissants maliens bénéficient des dispositions de conventions internationales ou d’accords de réciprocité qui les dispensent du visa consulaire.
A Tamanrasset, lors d’une rencontre avec les représentants de la fédération des artisans nigériens, ces derniers m’ont parlé de l’importante communauté nigérienne installée de longue date en Algérie, estimée à plus de 50 000 personnes et qui constitue une catégorie de population particulièrement vulnérable car elle se trouve exclue de la protection légale du travail.
Le flux migratoire des populations subsahariennes vers l’Algérie, phénomène qui prend de l’ampleur et qui devient de plus en plus complexe mérite un suivi sérieux et une action urgente de la part des hautes autorités algériennes. Certains éléments laissent d’ailleurs penser que le statuquo sur certaines dimensions humaines de l’immigration ne serait pas à l’avantage de l’Algérie.
Dans le contexte actuel marqué par la réorientation de la politique du pays, une stratégie d’organisation et de régulation des flux migratoires s’impose et sa mise en place aura de nombreuses retombées positives sur les plans économique.
Par Nassim Bouabbas