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ANDRÉ MARIE MBIDA ATTEND TOUJOURS LES INSIGNES DE GRAND MAÎTRE DES ORDRES NATIONAUX

L’hommage rendu à son Excellence André Marie Mbida, le tout premier Premier ministre du Cameroun, du 2 au 4 mai 2025 à Yaoundé et Efok, s’est achevé par une conclusion claire : « Donner à César ce qui appartient à César et à Mbida ce qui lui revient de droit ». En sa qualité de chef de l’État de l’époque, André Marie Mbida a créé les ordres nationaux, adopté le chant de ralliement qui deviendra l’hymne national, adopté les armoiries et la devise du pays. Chose curieuse, des trois hommes d’État que le Cameroun a connus jusqu’ici à sa tête, il est le seul à n’avoir pas porté les insignes de grand maître des ordres nationaux.

Cette commémoration, qui interpelle la conscience nationale, intervient dans la foulée du 45e anniversaire de la disparition de celui qui est considéré par presque tous comme le père de la République moderne du Cameroun. Évocation d’une figure marquante du nationalisme camerounais, qui a écrit en encre indélébile une page importante de l’histoire de ce pays d’Afrique centrale.

Le parcours politique du natif d’Endinding va révéler au monde entier un homme d’État enraciné dans les valeurs humaines les plus universelles. Courageux et opiniâtre, le nationaliste que les encyclopédies qualifient aussi de pragmatique n’a pas eu peur d’affronter l’ordre colonial impérialiste français qui travaillait d’arrache-pied à dévoyer l’indépendance que lui et les autres nationalistes tentaient d’obtenir pour le Cameroun.

Aussi, la suite de son histoire s’écrit donc au premier rang de tout ce qui existe. Premier Camerounais à être élu à l’Assemblée nationale française, André Marie Mbida va aussi devenir le tout premier ministre du Cameroun, le tout premier chef d’État de ce pays d’Afrique noire qui a montré aux autres la voie de la souveraineté.

C’est en sa qualité de premier chef d’État et de gouvernement que le natif d’Endinding, celui-là même qui osa tenir tête à Louis Paul Aujoulat, au Général de Gaulle et à la France officielle d’alors, adopta le premier drapeau du Cameroun, son premier hymne national et sa première devise. André Marie Mbida fut aussi le premier prisonnier politique du Cameroun dit indépendant.

Son règne à la tête du gouvernement, bien qu’éphémère (neuf mois seulement, du 12 mai 1957 au 16 février 1958), fut pourtant marquant. André Marie Mbida s’est refusé au compromis et aux compromissions auxquels tenta de le soumettre Louis Paul Aujoulat. Les deux panels de discussions sélectionnés pour les conférences-débats tenus au Musée national de Yaoundé l’ont suffisamment démontré.

Les universitaires Vincent Ntuda Ebode, Pr Joseph Ndzomo Mole, Pr Cécile Dolissane Ebosse, Dr Alvine Assembe Ndi, Dr Tomo Ndjobo et l’ingénieur agronome Victor Bella seront unanimes sur le parcours exceptionnel de Mbida. Surnommé « l’ange gardien du Cameroun » par Mongo Beti dans son livre « Main basse sur le Cameroun », André Marie Mbida a sauvé le Cameroun de la honte nationale, car le jeune État indépendant a failli être gouverné par un Français.

L’un des modérateurs de ces conférences-débats, Jean Emmanuel Pondi, dira dans la foulée que la méconnaissance de la personnalité de Mbida est due à nos livres d’histoire. Chrétien catholique engagé, la foi d’André Marie Mbida a toujours guidé ses actions à la tête du Cameroun. Sa formation au petit séminaire y est certainement pour quelque chose.

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