Assemblée Nationale : Déception et surprise désagréable pour l’opposition à l’ouverture
Thierry Edjegue
L’apologie faite par la doyenne d’âge au candidat du parti au pouvoir dans son discours n’était pas du goût de l’opposition.
L’honorable Laurentine Koa Mfegue s’est-elle trompée de casquette dans son allocution ? Difficile de répondre par l’affirmative. Toujours est-il que, devant la représentation nationale, l’élue de la nation aurait dû penser république ou nation. Ce qui n’a visiblement pas été le cas de la doyenne d’âge.
« J’ai été surpris négativement par ce discours où, en période électorale, on passe le temps à citer un seul candidat, on lui attribue le mérite de la paix, de la stabilité et de la démocratie. Ce n’est pas normal en République, et nous avons pris acte », dira Djeumeni Benilde, député du SDF.
Censée donner la direction des travaux de la session, l’allocution de Laurentine Koa Mfegue a occulté les préoccupations élémentaires du peuple pour dérouler le tapis rouge à Paul Biya.
« Toute cette ébullition constitue, à n’en point douter, la preuve qu’au Cameroun, la démocratie est une réalité. Mieux, au Cameroun, la démocratie vit, elle s’exerce, elle est agissante, telle qu’elle est devenue le levain de la vie politique nationale. Elle n’est pas comme ailleurs une démocratie de façade, de duperie, d’illusion ou de politique politicienne. Qu’on l’aime ou pas, qu’on adhère à ses idéaux ou pas, l’honnêteté nous oblige à reconnaître une vérité constante, à savoir : cette démocratie dont nous nous targuons tant, cette démocratie dont nous usons si abondamment aujourd’hui, est le fait de la volonté d’un Homme, j’ai nommé Son Excellence Monsieur Paul Biya, le Président de la République, le Chef de l’État en poste », peut-on lire dans son discours.
À l’UDC, c’est la provocation de trop qu’ils viennent de vivre à l’Assemblée nationale. Le parti dirigé par Tomaino Ndam Njoya ne comprend pas pourquoi on attribue à une seule personne le mérite de la démocratie et de la paix sociale présentes au Cameroun.
« Attribuer au président Paul Biya le palmarès de celui qui a apporté la démocratie au Cameroun, pour moi, est une opinion discutable. On ne peut aisément effacer l’histoire. Tout le monde sait ce qui s’est passé au Cameroun dans les années 90 et 91. Des Camerounais ont perdu la vie en versant leur sang pour avoir le semblant de démocratie que nous avons aujourd’hui. Il faut arrêter avec ça. L’actuel président a contribué, mais on ne peut lui accorder l’exclusivité », affirme Koupit Adamou, député UDC.
La session parlementaire ordinaire de mars 2025 s’annonce très houleuse entre le parti majoritaire au pouvoir et l’opposition, qui compte user de tous les moyens légaux pour se faire entendre.