C’est le constat fait par l’ensemble des députés, durant la séance plénière spéciale organisée autour des questions de terre.
Les propos des quinze parlementaires qui ont pris la parole après les différents exposés des membres du gouvernement, tournaient autour du management calamiteux du domaine foncier. Corruption, chantage, népotisme et abus sont devenus la norme. Pour l’honorable Benilde DJEUMENI : ‘’le ministère des domaines, du cadastre et des affaires foncières est le plus corrompu du pays, tout se fait à ciel ouvert pour spolier le citoyen ordinaire, demandeur de service. Le titre de propriété coûte 20000frs au lieu de 2500frs, on vous le livre sans reçus. »
Cette mafia semble être savamment entretenue par les services centraux de cette administration. L’honorable Cabral LIBII enfonce le clou en dénonçant la misère et la galère qui sont le lot quotidien des propriétaires terriens. La faute à la fragilité et la fébrilité du titre foncier camerounais. Le floue et l’omerta qui entourent cette problématique laissent pantois les observateurs internes et externes. Difficile pour le gouvernement de dire avec précision le contenu et la délimitation de ce qu’il appelle <<le domaine national>>.
Ainsi, au gré des humeurs et autres prébendes, des familles et communautés se retrouvent dans la rue.
Grosse Confusion autour du cadre juridique et législatif en vigueur
Au Cameroun, la propriété coutumière en matières foncières n’est malheureusement pas une source suffisante de droit. Une situation très difficile pour tout jeune ayant reçu des parcelles de terrains de ses ascendants, qui ne peut se prévaloir d’un quelconque droit légal . Piégé par une réglementation appauvrissant le citoyen , la seule issue reste le titre foncier. La procédure d’immatriculation directe est extraordinairement lourde, longue et coûteuse au pays de Paul BIYA.
Le cadre juridique actuel relatif au foncier nécessite une adaptation pour mieux correspondre a la vie d’aujourd’hui, aux aspirations des communautés, des entreprises privées et pour l’État. Une loi reformée, conforme aux droits de l’homme et reconnaissant la propriété foncière s’impose.
La terre pourrait être à l’origine d’une crise sociale
L’une des ressource les plus importantes, la plus répandue, la plus partagée que nous avons est la terre, plus précisément la terre arable. Avec une telle richesse les camerounais devraient être riches. Hélas c’est le contraire qu’on observe sur le terrain. Les banques commerciales commencent à douter des titres fonciers déposés sous forme de garantie. L’honorable Joshuah osih ‘’Le titre foncier camerounais présente désormais un risque très élevé de faillite pour les banques, car à tout moment il peut être annulé. » Ce contexte ne favorise pas l’investissement économique tant souhaité pour l’atteinte de l’émergence à l’horizon 2035.
Thierry EDJEGUE