La fragilité du système judiciaire et le copinage entre le gouvernement, les riches et les puissants encouragent cette façon de faire.
Le plaidoyer de la réforme foncière porté par le réseau des parlementaires pour la gestion durable des écosystèmes forestiers d’Afrique Centrale (Repar Cameroun) a permis de constater avec amertume qu’une minorité s’accapare les terres. Devant la représentation nationale, les députés ont condamné vertement cette attitude qui accentue les inégalités sociales. Pour l’honorable Marguerite DISSAKE, le terrain au Cameroun est une affaire de bourgeois. Selon elle, ceux-ci se recrutent au sein de la haute administration, la classe politique et les puissants hommes d’affaires du pays.
La démocratie du plus fort et du plus riche est toujours la meilleure
La gestion foncière est une préoccupation constante. La gouvernance de la terre se pose donc avec acuité. Par conséquent, l’optimisation de l’utilisation de cette ressource demeure un préalable à toute ambition de stabilisation et de développement. Au Cameroun, le spectacle qui se donne à voir est ahurissant, des multinationales et barrons du régime s’arrogent de manière gloutonne des espaces de terrain au mépris des familles et autres communautés ayant droit de cité sur ces espaces. Une fois la population déguerpie, des mégalopoles sont construites et réceptionnées par l’État qui en fait des pôles de développement. Difficile dans une telle situation d’accorder du crédit aux propos du Ministre des domaines, du cadastre et des affaires foncières le 05 Juillet 2021 qui disait : ‘’La politique de l’État est d’éviter l’accaparement des terres par une minorité ».
La lente évolution du projet landcam
A l’heure où le Cameroun fait face à un flux migratoire interne et externe sans précèdent, la lutte pour l’accès à la terre s’intensifie. L’industrialisation agricole galopante a poussé le gouvernement à mettre sur pied le projet Landcam. Depuis trois ans, l’État et ses partenaires s’entourent en amont de toutes les délicatesses nécessaires pour l’aboutissement du projet de loi en préparation. Pour Samuel NGUIFFO, le coordonnateur dudit projet : ‘’ Quand on parle de gestion locale du foncier, en fait on parle de tout, parce que la terre est toujours localisée quelque part.’’ Estimées à 15% les superficies totales des terres immatriculées au Cameroun, le pays est un vaste chantier foncier.
Thierry EDJEGUE