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Cameroun : projet de fabrication de la chloroquine mort dans l’œuf

Cameroun : projet de fabrication de la chloroquine mort dans l'œuf

C’est de manière triomphale que, le ministre de la recherche scientifique et de l’innovation (MINRESI), Madeleine Tchuente, annonçait la fabrication de la chloroquine au Cameroun. Mais annoncé depuis 2020, ledit projet semble n’être pas allé plus loin que les mots du ministre.

Faire face au nouveau corona virus, Covid-19, était la priorité des États. C’est alors que Madeleine Tchuente, avait eu l’aval du minsanté et du président de la République Paul Biya. Cet accord avait pour but, la fabrication locale de la chloroquine.

  » Le Cameroun va fabriquer la chloroquine et l’azitromicine 500mg », avait alors annoncé le ministre de recherche scientifique, lors d’un point de presse. Elle rappelait que :  » c’est le président de la République Paul Biya, qui a ordonné la production à plein régime de 6000 comprimés par jour ». Cette ordonnance brille jusqu’à ce jour, pour son efficacité dans l’inactivité.

 Une promesse de plus non réalisée.

La production de la chloroquine, était censée se faire sous la tutelle technique d’un laboratoire spécialisé. La supervision devrait être de la responsabilité du MINSANTÉ. Les matières premières devaient à priori venir de la Chine, sur financement du gouvernement camerounais. Mais hélas ! il n’en est rien à ce jour.

Ce qui apparaît gênant dans la situation est que, la promesse se fit entendre. En plus de celle de fabriquer la chloroquine, Madeleine Tchuente avait annoncé autre chose. L’on peut à cet effet, se souvenir de son propos. Elle déclarait alors que le président Biya aurait instruit : « … La fabrication des masques de protection et des gels hydro-aclcooliques ». Seul le ciel, pourrait en faire un bilan.

Les assurances peu rassurantes des spécialistes.

Le centre qui abrite le laboratoire de fabrication des comprimés, est pourtant disponible. Il s’agit de l’institut de recherches médicales et d’études des plantes médicinales (IMPM). Seulement, la disponibilité du laboratoire, ne suffit pas à produire la chloroquine. Le technologiste pharmaceutique Joseph Nkinda, soutenait pourtant que :  » Tout est d’appoint sur le plan technique, pour pouvoir fabriquer la chloroquine » .

Ce dernier, énumérait alors les composantes disponibles. Soit, le mélangeur, granulateur, étuve à ventilation et presse à comprimés. Ceux-ci n’attendaient qu’à être utilisés, pour produire la chloroquine. Il convient de noter que, Joseph Nkinda, très rassurant avait procédé à une démonstration de fabrication de la chloroquine. Malheureusement, elle ne restera que démonstration.

Le directeur de l’IMPM, le Pr. Jean-Louis Essame Oyono quant à lui, rassurait de la qualité des équipements. Il déclarait alors : » ce n’est pas le personnel qualifié, ni les équipements appropriés pour la fabrication des médicaments qui manquent » . Force est de constater que, malgré toutes les assurances, le peu de difficultés aura pris le dessus. L’on aimerait tout de même, comprendre la situation.

Ce n’est pas expliquer l’incapacité à produire la chloroquine qui est difficile

L’indisponibilité de la matière première, constitue l’obstacle principal. L’on peut spéculer sur la question du financement et sa gestion. À titre de rappel, le financement relevait de la responsabilité du gouvernement.

En août 2020, un climat délétère entre le MINRESI et L’IMPM va s’installer. La conséquence directe sera, la non fabrication de la chloroquine. Les médicaments du protocole de traitement de covid-19, resteront quasi incertains.

Entre autres difficultés, celle de l’incompétence de L’IMPM. Il sera déclaré incompétent, à pouvoir commander les intrants permettant la fabrication des médicaments. Faut-il malheureusement rappeler que, l’IMPM n’est pas agréé auprès des instances sanitaires mondiales.

De plus, les moyens octroyés l’IMPM, s’étaient avérés insuffisant pour acheter les intrants en France et aux États-Unis. Les responsables de l’institut, proposeront au MINRESI de se tourner vers l’inde. La solution se fit efficace, avec l’obtention des matières premières en Inde. Cependant, cela n’aura certainement servi à rien. Toujours est-il que, les camerounais sont en attente de chloroquine et azitromicine depuis un an.

DONALD ARMEL OMOLOBINA

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