
L’annonce récente de Camtel, l’opérateur public de télécommunications camerounais, concernant le recrutement d’une assistante de direction a provoqué une vague d’indignation sur les réseaux sociaux et au sein de l’opinion publique. En cause : l’exigence de 10.000 FCFA de frais de dossier pour chaque candidature, une décision perçue comme inappropriée et même scandaleuse par de nombreux Camerounais.
Une annonce qui fait polémique
Lundi dernier, Camtel a publié une offre d’emploi pour le poste d’assistante de direction, précisant que chaque candidat devait s’acquitter de 10.000 FCFA pour que son dossier soit examiné. Selon l’entreprise, ces frais sont destinés à couvrir les coûts administratifs liés à l’étude des candidatures, tout en garantissant un traitement équitable et transparent de chaque dossier. Cependant, cette justification n’a pas convaincu le public, bien au contraire.
Pour de nombreux internautes et observateurs, cette pratique est inacceptable, surtout de la part d’une entreprise parapublique financée par des fonds publics. Les critiques ont fusé, dénonçant une forme d’exploitation des candidats dans un contexte où le chômage reste un défi majeur au Cameroun. Annie Payep, une journaliste camerounaise, a notamment pointé du doigt l’archaïsme de cette démarche à l’ère du numérique : « Dans notre pays en 2025, une entreprise parapublique exige de payer 10.000 FCFA pour déposer son dossier pour un recrutement. Donc tu prends ton argent, tu t’alignes à la banque et après tu pars déposer tout ça PHYSIQUEMENT », a-t-elle ironisé sur les réseaux sociaux.
Des réactions virulentes
Les réactions ne se sont pas fait attendre. Nathalie Yamb, une figure connue pour ses prises de position critiques, n’a pas mâché ses mots : « Donc au pays de Paul Biya, pour postuler à un job d’assistante de direction dans une entreprise publique de téléphonie, il faut payer 10.000 FCFA ? Quand tu penses qu’ils ont déjà atteint le fond, il y en a toujours pour venir creuser un peu ! Camtel, vous êtes une bande d’escrocs ! #PaysPenché ».
Face à cette levée de boucliers, Camtel a tenté de se justifier en affirmant que ces frais étaient nécessaires pour assurer une gestion rigoureuse et professionnelle des candidatures. « Nous comprenons vos inquiétudes. L’introduction de frais de dossier dans ce recrutement répond à des impératifs organisationnels et administratifs pour assurer une gestion optimale des nombreuses candidatures reçues », a déclaré l’entreprise dans un communiqué. Cependant, cette explication n’a pas suffi à apaiser les esprits.
Un contexte économique et social tendu
La polémique intervient dans un contexte où le taux de chômage au Cameroun reste élevé, et où chaque opportunité d’emploi est perçue comme une lueur d’espoir pour des milliers de jeunes diplômés. Exiger des frais de dossier pour un poste unique, sans garantie de remboursement en cas de rejet, est perçu comme une pratique injuste et décourageante. En effet, si 1.000 candidats postulent, 999 perdront leurs 10.000 FCFA, une somme non négligeable pour de nombreuses familles.
De plus, cette affaire soulève des questions plus larges sur les pratiques de recrutement dans le secteur public. Pourquoi une entreprise bénéficiant de subventions publiques ne peut-elle pas assumer les coûts administratifs liés à ses propres processus de recrutement ? Pourquoi ne pas avoir opté pour une plateforme numérique gratuite pour déposer les candidatures, évitant ainsi des frais supplémentaires aux postulants ?
Une réputation en jeu
Cette controverse pourrait nuire à l’image de Camtel, déjà critiquée par le passé pour ses services et sa gestion. Alors que l’entreprise tente de se positionner comme un acteur clé dans le secteur des télécommunications, cette décision maladroite risque de renforcer la méfiance des citoyens envers les institutions publiques.
En somme, ce qui devait être une simple annonce de recrutement s’est transformé en un véritable cas d’école sur la communication et la gestion des ressources humaines dans le secteur public. Camtel devra peut-être revoir sa copie pour regagner la confiance des Camerounais, tout en adoptant des pratiques plus transparentes et inclusives. En attendant, la polémique continue de faire rage, rappelant que, dans un pays où l’emploi est une denrée rare, chaque décision doit être mûrement réfléchie pour éviter de froisser une opinion publique déjà exaspérée.