Cinq ans après ce drame, les thuriféraires du régime de Paul Biya sont soudainement passés à autre chose, plus une once de parole publique sur cet accident.

Terminés les discours interminables des autorités de Yaoundé sur la catastrophe d’Eseka, plus de promesses pour tenter de laver la mémoire des victimes, finis les déplacements sous fond de renfort médiatique de la part du gouvernement, place désormais au véritable visage de ces monstres froids affalés douillettement dans des fauteuils somptueux des bureaux des différentes administrations publiques.
Adieu les paroles ampoulées ! énoncées par plusieurs chefs de département ministériels pour essayer de panser les blessures encore béantes des victimes. Des familles qui peuvent en ce jour de célébration se souvenir de ce triste et effroyable instant qui entraine la perte inconsolable d’environ 80 personnes et plus de 500 blessés graves. Une demie décennie seulement et la mémoire d’un régime enterre désormais ces âmes dans les tréfonds de l’oubli.
Où est passée cette belle grammaire de Narcisse Mouelle Kombi au perron du musée national « Il est question pour le Chef de l’Etat d’inscrire ce drame dans la mémoire de la République. Une stèle pour allumer sur les lieux du drame à la gare d’Eseka. Un feu inextinguible, le feu de l’espérance. Plus jamais cela pour conjurer l’oubli et l’amnésie, pour exorciser la douleur, apaiser la tristesse et la détresse pour confirmer la place qu’à jamais la catastrophe d’Eseka doit occuper dans la mémoire collective. »
Des paroles de réconfort de l’ex ministre camerounais de la Culture en présence de quelques confrères à l’instar de : Laurent Esso de la Justice, Pauline Irène Nguené des Affaires Sociales et même Catherine Abena Ondoa de la Promotion de la Femme et de la Famille pour davantage porter en triomphe ces propos d’apaisement. Aujourd’hui que se commémore ce deuil collectif, plus une particule de discours collectif de ces patrons d’administration. Un mutisme général se dessine sur les visages autrefois tristes de ces gestionnaires de la vie publique camerounaise.
Un silence qui n’est que le témoignage de ce mépris des membres du gouvernement envers la mémoire de ces personnes qui ne demandaient qu’à rallier la ville économique de Douala, en empruntant la voie ferroviaire à la suite d’un affaissement d’une buse survenue 24 heure plutôt dans la petite localité de Manyai, commune de Matomb, département du Nyong-et-Kellé dans la Région du Centre. Un voyage sans retour pour ses fils, filles, parents et grands-parents qui au-delà de ce départ pour l’éternité subissent cinq ans à peine après le drame, ce manque de reconnaissance des personnalités publiques, peut-être parce que ces derniers sont plus préoccupés à faire des montages pour justifier les fins de budget de leurs différents Administrations.
Brice Ngolzok