Si l’opposition ivoirienne pense que la course pour un troisième mandat est anti constitutionnelle, pour le candidat Alassane Ouattara ça ne sera pas une première dans son pays. ” Parmi mes adversaires, Laurent Gbagbo est resté onze ans au pouvoir et Henri Konan Bédié a été chassé par un coup d’Etat pendant son second mandat, puisqu’il avait terminé celui d’Houphouët-Boigny. Je ne suis donc pas le seul à briguer un troisième mandat” a déclaré Alassane Ouattara dans les colonnes de nos confrères de Paris Match.
Et pour ceux qui parlent de viol de la constitution, le candidat Alassane Ouattara voit en cela des “bêtises”. “Notre Constitution date de 2016, elle a instauré une nouvelle République en Côte d’Ivoire. Les cartes ont donc été rebattues. Je vous le répète, je n’ai jamais cherché à m’accrocher – contrairement à mes prédécesseurs. Et s’ils veulent appliquer l’ancienne Constitution, la limite d’âge pour être candidat y était de 75 ans et une visite médicale était imposée. Avec ces conditions-là, au moins un de mes challengers ne pourrait pas se présenter” affirme Alassane Ouattara.
Le débat sur la constitutionnalité de la candidature d’Alassane Ouattara à la présidentielle d’octobre prochain alimente l’actualité depuis l’annonce de sa candidature. Le 17 août dans une déclaration Alassane Ouattara avait indiqué :” Je ne voudrais pas rentrer dans ces faux débats de constitution. La constitution est votée par le peuple. Et qui a proposé la constitution? C’est bien Alassane Ouattara, pour la troisième république. Donc qui peut se targuer de connaitre cette constitution mieux que moi?”. Cette déclaration fait suite à la sortie des partisans de l’opposition qui ont manifesté à Daoukro contre un éventuel troisième mandat.
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Et sur 44 postulants à l’élection présidentielle ivoirienne d’octobre prochain, seuls 4 candidats ont été retenus par le Conseil constitutionnel. Il s’agit d’Alassane Ouattara, Pascal Affi N’Guessan, Kouadio Konan Bertin et Henri Konan Bédié. Guillaume Soro, Laurent Gbagbo et Mamadou Koulibaly font partie des candidats dont les dossiers n’ont pas été validés par le Conseil constitutionnel. ” La plupart des exclusions ont été prononcées à cause de l’insuffisance ou de l’irrégularité des parrainages. Soro, comme Gbagbo, a été écarté car son casier judiciaire n’est pas vierge. Tous deux le savaient parfaitement : leurs candidatures relèvent de la provocation” selon Alassane Ouattara.
Pour lui “la place de Guillaume Soro n’est pas dans la campagne électorale mais en prison. S’il a quitté la Côte d’Ivoire sans y revenir depuis la fin de l’année, c’est parce qu’il sait qu’il devra y être jugé pour une tentative de déstabilisation. Les preuves contre lui sont accablantes”.
En ce qui concerne un retour probable de Laurent Gbagbo, le président Ouattara indique que l’homme a commis des erreurs “mais c’est un frère, et un ancien président”. “Il faut attendre le verdict en appel devant la CPI, car pour l’instant il est en liberté sous condition. Ensuite, des dispositions seront prises quant à son retour, sachant qu’il est condamné à vingt ans de réclusion pour crimes économiques” poursuit-il.
Mohamed Nakanabo