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Culture Sawa : La pirogue au cœur du patrimoine culturel

Le film « Mboa ɛ̂ Jái nɛ̂ ? » sacré meilleur film à la 4iéme édition du festival international de films de quartier L’OEIL DU KWATT tenu à Monatele, nous livre tous les secrets dernière la pirogue chez les Sawas

Embarcation primitive et légère, la pirogue chez les peuples de l’eau revêt un caractère sacré. Plus qu’un simple moyen de transport, elle fait partie des éléments symboliques et d’identification de la culture Sawa. En 14 minutes , Maxime Jong et Mr Patrick Tessa , nous invite à prendre place à bord d’une pirogue, véritable symbole de l’esprit du MBOA (village, maison, communauté).Dans cette pirogue,chaque pagaie, d’où qu’elle vienne, représente un maillon essentiel contribuant à notre avancée collective.

Quelle place occupez-vous dans cette pirogue commune ? Quel rôle y jouez-vous ? Quel cap souhaitez-vous atteindre ? Quel rythme adoptez-vous ? Voilà quelques préoccupations posées à l’équipe de production. Bienvenue à bord.

Focus Médias Afrique : L’équipe de production du meilleur film de la 4iéme édition du festival international de films de quartier L’OEIL DU KWATT salut et merci de répondre à nos questions

L’équipe de production de « Mboa ɛ̂ Jái nɛ̂ ? » Salut à vous et merci pour l’intérêt que vous accordez à notre travail

Focus Médias Afrique : Quel a été votre sentiment après les récompenses de Monatele( Kwatt d’or et citoyen de la ville)

L’équipe de production de « Mboa ɛ̂ Jái nɛ̂ ? »: Recevoir le KWATT D’OR et le titre de Citoyen d’Honneur de Monatélé a été un moment de grande fierté pour l’équipe du film, les acteurs, la maison de production Neya production, la production executive BEDS DREAM Pictures et tout ceux qui nous ont fait confiance. Pour Mr Patrick Tessa co-réalisateur et directeur photo et Doumbè Samè « le doumbeziator », 1er assistant-réalisateur et monteur, présents à Monatélé, ces moments ont aussi été une occasion de tisser des liens avec d’autres professionnels du milieu.

Ces distinctions sont des encouragements puissants à poursuivre notre mission de valorisation des traditions locales et de partage de valeurs à travers le cinéma.

Focus Médias Afrique : Faites-nous un mini résumé du film?

L’équipe de production de « Mboa ɛ̂ Jái nɛ̂ ? »: Bella est une jeune maman de la communauté Sawa. Héritière de son père, Pa’a Paï (Papa pagaie).

À travers les souvenirs de Bella et de ceux qui ont connu son père, le film dépeint Pa’a Paï comme un pilier de la tradition, enseignant non seulement des compétences pratiques mais aussi l’importance de continuellement s’assurer que nous sommes toujours à là place qui nous convienne, en équilibre avec nous-même et le reste de la communauté.

La grande pirogue du village symbolise cette connexion sacrée entre la communauté et l’eau, préservée et perpétuée par Pa’a Paï et ses disciples. Alors que Bella se prépare à prendre les rênes de cet héritage ancestral, elle se trouve confrontée à la responsabilité de maintenir ses liens essentiels et de guider la prochaine génération dans la voie tracée par son père.

« Mboa e Jái nɛ̂ ? » invite ainsi les spectateurs à réfléchir sur l’importance de préserver les traditions et les enseignements des anciens pour assurer l’équilibre, la solidarité et la compassion au sein de la communauté.

Focus Médias Afrique : Comment justifier le titre et le choix de la langue Sawa pour le tournage ?

L’équipe de production de « Mboa ɛ̂ Jái nɛ̂ ? »: Tout d’abord, j’espère que vous avez été touché par l’universalité du message de notre film et que l’invitation à découvrir le patrimoine culturel des communautés Sawa vous a interpellé. Il était primordial pour nous de nous appuyer sur l’un des principaux vecteurs de transmission de cette culture : la langue.

La langue Duala, bien qu’encore vivante et présente dans la vie quotidienne à travers ses mots et expressions, comme l’utilisation de « Mboa » pour désigner le Cameroun, porte en elle les vestiges d’une sagesse que nous souhaitons mettre en lumière.

Décortiquons donc le titre de notre film : MBOA(village, maison, communauté).

Le terme « Mboa » est composé de « Mba » (moi) et « Oa » (toi). Il incarne l’essence même de la philosophie « Je suis parce que nous sommes ». Dans notre film, le Mboa(la communauté) est symbolisé par la pirogue. Chaque pagaie, peu importe son origine, est un maillon essentiel de l’avancée collective.

Ce qui nous conduit à la suite du titre : « ô jái nɛ̂ ? » Cette expression signifie littéralement « comment es-tu assis(e) ? » et correspondait à la manière dont nos ancêtres demandaient « Comment ça va ? ». Cette question prend tout son sens, car l’assise, particulièrement dans une pirogue, est cruciale pour la maintenir en équilibre.

Le film propose une réponse à cette interrogation. Puisque le patrimoine culturel Sawa est lié à l’eau et aux pirogues, et que ces dernières étaient au cœur de la vie quotidienne, l’équilibre dans la pirogue devient une métaphore puissante. L’assise dans une pirogue détermine l’équilibre. En associant cette question au Mboa, nous invitons chacun à réfléchir à sa place au sein de notre pirogue collective.

Trouver un équilibre individuel, tout en s’appuyant sur le collectif, devient essentiel, car dans une pirogue, l’un ne peut aller sans l’autre.

Focus Médias Afrique : Quelles sont les difficultés rencontrées et qui est la cible principale du film?

L’équipe de production de « Mboa ɛ̂ Jái nɛ̂ ? »: Les principales difficultés rencontrées lors du tournage de Mboa e Jái nɛ̂ ?sont directement liées aux spécificités du projet et aux conditions de tournage. Tout d’abord, la majorité de notre équipe était composée d’acteurs amateurs pour qui c’était la première expérience cinématographique. Bien que cela ait apporté une authenticité unique au film, cela a également exigé une grande patience et un accompagnement tout au long du processus.

Ensuite, filmer sur l’eau a présenté son lot de défis techniques. Capturer les scènes de pirogue, notamment lors des entraînements de la célèbre pirogue de course Ebele o bosso, a demandé une coordination minutieuse entre les pagayeurs et l’équipe de tournage. Les mouvements sur l’eau, les conditions météorologiques parfois imprévisibles, et la nécessité de suivre le rythme des courses tout en conservant une qualité d’image optimale ont été particulièrement éprouvants.

Nous sommes profondément reconnaissants envers S.M. Frédéric James Ekwalla Essaka Ekwalla Deïdo II, Chefferie Supérieure du Canton Deido, M. Tobbo Eyoum, M. Eyango, la capitainerie de la pirogue Ebele o bosso — en particulier M. Mintimbe Pierre, Pa Titi, M. Mbappé — ainsi que tous les pagayeurs pour leurs précieuses autorisations et leur collaboration durant les entraînements du Ngondo 2023.

Un immense merci également à l’association Makom ma Matanda Ecotour pour les pirogues d’accompagnement, et à M. Songue Jacques, chef vigile de l’île de Jébalè, pour avoir rendu possible la prise d’images sur les côtes de cette île sacrée. Leur soutien a été inestimable pour surmonter les défis logistiques et humains du tournage.

Focus Médias Afrique : Comment envisagez -vous la suite?

L’équipe de production de « Mboa ɛ̂ Jái nɛ̂ ? »: Avec ce premier film, nous venons de mettre notre embarcation à l’eau, prêts à voir où les vents nous porteront. Neya Production, notre maison de production, se penche déjà sur d’autres récits imprégnés de sagesse, centrés sur le collectif et la préservation de l’harmonie avec l’ensemble du vivant. Nous espérons continuer à naviguer sur cette voie, partageant des histoires qui inspirent et rassemblent.

Propos recueillis par Thierry EDJEGUE, crédit photos Jango Yota Herman film

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