Outre les pertes de distribution en augmentation de 0,97% en 2019 par rapport à 2018, les branchements frauduleux font perdre plus de 128 milliards F CFA en 2019 au concessionnaire français.

La finalisation par Energy of Cameroon d’une levée de fonds de 100 milliards de FCFA le 03 février 2021 sur le marché bancaire camerounais, annonçait de façon subreptice des lendemains prometteurs dans le processus de distribution de l’énergie électrique dans ce pays leader de la sous-région CEMAC. « Ce financement, issu d’une opération exceptionnelle, contribuera à répondre à la demande intérieure croissante de l’électricité. Il participera directement au renforcement de l’outil de production, au développement et à la modernisation de l’infrastructure, distribution, ainsi qu’à améliorer significativement le service aux clients. Nous apprécions le soutien des institutions de la République du Cameroun qui ont à cœur de soutenir et faire avancer le secteur de l’électricité, partagent notre engagement et mettent en place des conditions de facilitation. Notre action s’inscrit dans le cadre d’une collaboration permanente avec les Institutions et l’Etat camerounais, en droite ligne avec la Stratégie Nationale de Développement 2020-2030. » Déclare Eric Mansuy, lors de la signature de cet accord de financement.
Un espoir du Directeur général de Enéo qui se heurte à la réalité de terrain, à la veille des fêtes de fin d’année où de nombreux délestages surviennent dans les principales métropoles du Cameroun. Une baisse significative de l’énergie contenue déjà dans un rapport 2019 du concessionnaire de la distribution de l’électricité au Cameroun. Dans ce bilan il ressort que l’année en cours est marquée par des désagréments car : « Le niveau de perte que génèrent les pratiques frauduleuses est très élevé. C’est un risque pour l’équilibre de tout le secteur électrique », Peut-on lire dans ce rapport. Et de poursuivre, « c’est pratiquement l’équivalent de toute la production de la centrale de Songloulou qui est perdue dans des réseaux frauduleux ». « Aujourd’hui, nous perdons 30 points de rendement au bas mot. Un point de rendement équivalant à 4 milliards de FCFA », selon l’étude. Ainsi, les pertes sont évaluées à 128,12 milliards FCFA pour l’exercice 2019.
De l’avis des responsables d’ENEO, les manques à gagner de trésorerie sur l’ensemble du système électrique s’évaluent à plus de 60 milliards F CFA par an. Une somme supérieure au budget d’investissement d’ENEO pour l’exercice 2020, évalué à 45,7 milliards de FCFA couvrant les exigences dans la production, la distribution, la commercialisation. Lesdits manques à gagner seraient aussi l’équivalent d’au moins deux centrales solaires de 25 MW, ou de l’approvisionnement électrique de plusieurs centaines de localités et bien plus encore pour l’acquisition de plus d’un million huit cent mille nouveaux compteurs prépayés.
Par ailleurs, le rapport 2019 d’ENEO indique que les durées et fréquences moyennes des interruptions globales d’énergies non distribuées ont augmenté par rapport à 2018, soit +6,3%, et +15,9% du fait des délestages. Et la causalité de ces états de faits se trouverait dans les effets des branchements anarchiques ou pirates qui surchargent les équipements, et aussi, dans les tripatouillages des compteurs et disjoncteurs.