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Finances Publiques : L’improbable assainissement des dépenses du Cameroun

Le nouvel emprunt du pays auprès de l’instance de Washington soulève subrepticement les interrogations sur les nombreuses distorsions qui apparaissent dans la gestion et la répartition équitables des ressources de l’Etat.


L’annonce officielle faite le 29 juillet 2021 par le ministère en charge des Finances, ceci à la suite de l’approbation par le Conseil d’Administration du groupe de Breton Wood de cet accord de 675 millions de dollars sur la période triennale 2021-2024 vient à nouveau mettre sur la table la question de l’assainissement des Finances de l’Etat. Un emprunt échelonné sur trois ans qui permettra principalement au pays de l’homme du 06 novembre de relancer l’économie camerounaise après les chocs à la fois endogènes et exogènes causés par la pandémie, l’objectif étant d’atteindre une croissance forte et soutenue adossée sur des financements adéquats et une politique compatible pour lutter efficacement contre les répercussions de cette grippe mondiale.


Cependant Elisabeth HUYBENS affirmait avant son départ du Cameroun : « L’atteinte des objectifs de long terme de la vision 2035, nécessite une réévaluation de l’efficacité globale des dépenses publiques par les autorités camerounaises ». Des propos de l’ancienne représentante résidente de la Banque Mondiale, tenus devant Alamine OUSMANE MEY du Ministère en charge de l’Economie et Louis Paul MOTAZE des finances, lors de la cérémonie de dissémination du rapport de revue des dépenses publiques de 2006-2015.


A l’origine de cette mise en garde tenue par la représentante résidente de la Banque mondiale au Cameroun, plusieurs éléments d’analyse dégagés à la suite d’un travail de groupe, organisé conjointement entre l’institution Onusienne et certaines administrations camerounaises. Des travaux qui ont débouché sur ce rapport, sur trois principaux paliers de dépenses publiques à savoir : l’efficacité allocative, l’efficience et l’équité.

Répartition inefficace du budget de l’Etat







Le budget du Cameroun connait depuis plusieurs années une augmentation significative. Une évolution de sa masse sans que le volume des actions ne soient visibles sur le quotidien et pour cause, celui-ci de par sa nature économique montre que la moitié des dépenses en biens et services est constituée des frais de représentation, de missions, de réceptions et des services extérieurs. Un budget consacré à plus de 70% au fonctionnement et à la mangeoire de quelques privilégiés du service public qui accentuent la pratique « de recherche de rente » par le biais d’un système d’indemnités journalières par session ou par des interminables conseils d’administration avec à la clé des rémunérations mirobolantes parfois bien au-dessus des salaires mensuels des membres sans que cela ne soient pris en compte dans le régime financier de l’Etat.

L’inefficience des projets d’investissement







La planification et la gestion des projets d’investissement constituent aujourd’hui comme par le passé une réelle préoccupation pour de nombreux observateurs tant nationaux qu’internationaux qui, comme le groupe de la Banque mondiale décrient le rallongement de délais de livraison des projets structurants du DSCE entrainant un impact sur l’économie nationale. Des retards auxquels peuvent se greffer des processus de maturation, des lenteurs de procédures de passation de marchés publics (167 à 366 jours selon les administrations) qui ont tout aussi des effets induits sur l’économie déjà assez névralgique du Cameroun.

L’iniquité sociale se densifie







Les dépenses en éducation, en santé sont inégalement réparties dans l’ensemble du territoire. Une nouvelle dette qui vient donc remettre sur la sellette cet écart important entre les régions dont les appuis sont quelque peu déjà importants à l’instar de la partie Sud et Ouest du Cameroun ou on peut enregistrer plus de 85% de taux d’achèvement de l’école primaire contre moins de 65% dans les zones d’éducation prioritaires tels que l’Est et les régions septentrionales du Cameroun.


Brice NGOLZOK

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