Les populations des villages Nazareth, Akak et bien d’autres sont aux abois depuis l’entreprise CAMVERT procède aux coupes illégales du bois, procédant à la destruction de leur milieu de vie et de leurs activités.
Situation finalement déconcertante, que celle vécue par les populations de l’arrondissement de Campo, obligées comme elles sont à subir les ravages d’une exploitation forestière illicite, portée par l’entreprise CAMVERT, dans les villages AKAK, Nazareth et bien d’autres. Destruction de la faune et de la flore, menaces sur la vie des populations, pauvreté ambiante, plantations ravagées par des pachydermes devenus aujourd’hui sans habitats, du fait de la destruction de leur milieu de vie naturel. Telles sont, sans exhaustivité aucune, les réalités douloureuses auxquelles font face au quotidien ces populations, sous le regard complice d’une communauté nationale inerte. L’entreprise CAMVERT, profitant de la faiblesse informationnelle des populations locales autour des procédures en vigueur dans le domaine, passe et outre passe à sa guise, la réglementation nationale, cela même, avec la complicité de quelques hauts cadres de l’administration camerounaise, portés par l’appât du gain facile. « CAMVERT procède par l’intimidation. Quand elle a commencé l’exploitation et que nous avons vu qu’aucune mesure de ce qu’on nous avait dit n’était respectée, nous leur avons demandé d’arrêter les coupes dans notre UFA. C’est alors que notre chef du village a été convoqué à Yaoundé pour être menacé par leurs complices… », rapporte un riverain du village AKAK.
Dans cette localité d’Akak située à une vingtaine de kilomètres après Campo, les coupes des arbres ont effectivement été faites sur une superficie de plus de deux hectares, au sein de l’unité forestière d’aménagement (UFA) qu’elle abrite. Cependant, aucun document officiel n’a encore été signé, aucune procédure respectée, pas un moindre plan d’aménagement forestier présenté. La population continue de côtoyer au quotidien la misère ambiante. Sans eau potable, ni électricité, les pistes servant de routes sont impraticables, la vie est un vrai calvaire. Les petits efforts mobilisés par les habitants sont anéantis dans les champs par l’arrivée des bêtes sauvages, conséquence d’une exploitation forestière sans normes.
Or, selon les dispositions pertinentes de la loi du 20 Janvier 1994 portant régime des forêts, de la faune et de la pêche, le domaine national forestier de l’Etat du Cameroun est divisé en deux grandes parties à savoir : le domaine forestier permanent composé des forêts qui appartiennent à l’Etat (réserves forestières ou sont souvent attribuées les UFA et les aires protégées) et celles appartenant aux communes. Le domaine forestier non permanent quant à lui est constitué des forêts du domaine national, les forêts communautaires et les forêts des particuliers.
Dans le cas d’espèce, la forêt abusivement exploitée à Akak et comme partout ailleurs dans les villages concernés par les 60 000 hectares pris par CAMVERT est une UFA, donc relevant du domaine forestier permanent de l’Etat. Toute exploitation éventuelle soumet le porteur du projet au respect scrupuleux des dispositions de la loi de 1994, au terme de laquelle :
Le déclassement d’une UFA ne peut être ordonné si le défrichement à venir est de nature à porté atteinte à la satisfaction des besoins des populations locales en produits forestiers, compromettre la survie des populations riveraines dont le mode de vie est lié au foret concerné, compromettre les équilibres écologiques entre autres. « Nous avons un gros problème ici à Akak. Depuis que CAMVERT a commencé à faire des coupes, ils détruisent nos forêts sacrées, nos cultures, et même nos caveaux. Ce qui nous pose beaucoup de problèmes, car, nous sommes les peuples de la forêt et nous vivons grâce à cette forêt. On se soigne, on se protège, on mange uniquement grâce à nos forêts qu’on détruit comme ça », explique G. Oveng, résident d’Akak.
A ces exigences légales se pose un préalable qui stipule qu’une forêt ne peut être défrichée après le déclassement que pour cause d’utilité publique. En l’espèce, aucun décret d’utilité publique n’a encore été signé, pourtant, CAMVERT exploite déjà sur le terrain. L’horizon de demain s’annonce tumultueux.
Christian Essimi
Leave a comment