Plus d’une décennie après le programme d’urgence de construction des milliers logements sociaux et décents rien n’est visible sur le terrain du concret.
La célébration en pompe de la 35ème édition de l’habitat au Cameroun met à nouveau en lumière l’épineuse échec du gouvernement en matière de réalisations des nombreuses initiatives en vue d’apporter des solutions efficaces aux problèmes de logements. Conscient du déficit important en logement décent, l’Etat camerounais a entrepris depuis 2007, le programme de construction d’environ 3000 logements dans les villes de Douala et à Yaoundé. Malgré la mise à contribution de plusieurs structures publiques ou privées à l’instar de la Société Immobilière du Cameroun -SIC- construction des logements, la Mission d’Aménagement et d’Equipement des Terrains Urbains et Ruraux -Maetur- aménagement, le laboratoire de génie civil -Labogenie- géotechnique, la Mission de promotion des Matériaux Locaux -Mipromalo- matériaux locaux, l’Agence des Normes et de la Qualité -Anor- normalisation et un financement du Crédit Foncier du Cameroun (CFC) avec la participation des firmes étrangères (SNC Shenyang et Coffor-CEMAC) aux côtés des Pme nationales, rien ne prend véritable la forme des belles promesses contenues dans les papiers administratifs.
Promesses de l’Etat
Le programme d’urgence visait un déploiement dans les dix chefs-lieux de régions, trois villes universitaires (Soa, Banganté et Dschang), trois villes industrielles (Edea, Limbé et Kribi), six chefs-lieux de départements (Kousseri, Batouri, Bafia, Nkongsamba, Kumba et Sangmélima) soit au total 22 localités. Le projet a démarré à Yaoundé et Douala par la construction de 1675 logements par 36 Pme locales. Puis 1320 logements censés être exécutés par l’entreprise chinoise SNC Shenyang soit 660 à Olembe-Yaoundé et 660 attendus à Mbanga-Bakoko dans la capitale économique Douala. En plus c’est 1500 logements prévus dans 6 villes camerounaises et 640 en cours d’exécution par la firme Coffor-Cemac avec le financement d’une syndicalisation de banques partenaires du CFC. Des prévisions encore loin d’atteindre les objectifs de départ selon, Achille Noupeou qui estimait déjà au lendemains du lancement de ce programme que « les dispositifs mis en place par l’Etat pour assurer l’offre de logements sociaux au Cameroun est très en deçà des besoins puisque depuis dix ans, moins de 200 logements ont été construits alors qu’on estime le déficit par an à 80 000 logements pour les seules villes de Douala et Yaoundé ».
Errance des politiques publiques
Bien que l’État s’attèle à fournir un habitat décent aux populations mais les politiques publiques mises en œuvre souffrent entre autres de la faiblesse de l’implication de l’Etat en terme de production, d’incitation, d’encadrement, de contrôle et une incapacité à maîtriser voire anticiper le développement démographique des quartiers urbains. On note entre autres l’obsolescence des structures publiques du secteur dont les mécanismes d’appui au secteur sont presqu’inopérants et leurs actions sont d’autant plus difficiles à coordonner qu’elles sont placées sous des tutelles différentes. En outre, on peut ajouter le manque de maîtrise du foncier, la faiblesse, l’inadaptation voire l’indisponibilité des financements. La difficulté de maîtriser les coûts de construction et la faiblesse des réseaux de distribution ; le développement anarchique des zones d’habitation dans l’ignorance des règles d’urbanisme, de construction, d’hygiène, de sécurité ; l’absence d’une stratégie spécifique à l’assistance aux catégories sociales à revenu limité ou réduit.
Des mesures ont certes été prises mais elles restent insuffisantes. Tout d’abord l’accès aux sources de financement particulièrement pour les ménages à faible revenu reste irrésolu. Les marchés ne disposent pas d’instruments de financement et d’aide spécifique. De plus en plus, les organismes de promotion immobilières ne sont pas suffisamment spécialisés et poursuivent des intérêts contradictoires. Certes un encadrement juridique existe, malheureusement le cadre législatif et réglementaire actuel est en déphasage avec le nouvel environnement et apparait inapproprié face aux nombreux défis à a fois nationaux et internationaux. Ainsi, la crise du logement sur l’économie concerne tous les secteurs principalement le secteur financier, les secteurs BTP ainsi que le niveau de production et de consommation. La volatilité des prix des logements constitue également un facteur majeur d’instabilité macro-économique afin d’avoir un habitat pour tous pour un avenir prospère tel que prôné par le ministère camerounais de l’Habitat et du Développement Urbain tout au long de cette célébration 2021 de l’habitat.
Brice Ngolzok