
À l’approche du 6 avril, une date hautement symbolique au Cameroun, la question de savoir si Ahmadou Ahidjo voulait réellement céder le pouvoir à Paul Biya en 1982 demeure un sujet controversé dans l’histoire politique du pays. Officiellement, Ahidjo a démissionné volontairement le 4 novembre 1982, invoquant des raisons de santé et la nécessité d’un renouvellement politique. Paul Biya, alors Premier ministre depuis 1975, lui a succédé conformément à l’article 6 de la Constitution, qui stipulait que le Premier ministre prenait la relève en cas de vacance du pouvoir.
Cependant, plusieurs éléments suggèrent qu’Ahidjo n’avait pas l’intention de céder totalement le pouvoir à Biya :
- Démission sous pression ou réelle volonté ?
Certains analystes estiment qu’Ahidjo a été contraint à la démission sous des pressions internes ou externes, notamment de la France, qui souhaitait une transition modernisée du régime.
D’autres pensent qu’Ahidjo espérait garder un contrôle indirect du pouvoir en influençant Paul Biya en coulisses. - Les tensions après la transition
Après la passation de pouvoir, les relations entre les deux hommes se sont rapidement détériorées. Ahidjo a dénoncé un complot contre lui et tenté de reprendre le contrôle du parti unique, l’UNC (Union Nationale Camerounaise).
Biya, de son côté, a progressivement écarté les proches d’Ahidjo du pouvoir et s’est affirmé comme le seul chef. - L’affaire du coup d’État de 1983-1984
En 1983, Ahidjo, exilé à l’étranger, est accusé d’avoir orchestré un coup d’État contre Biya. Il est condamné par contumace à la peine de mort (peine ensuite commuée).
Le 6 avril 1984, une tentative de putsch militaire échoue à Yaoundé, consolidant Biya au pouvoir.
Il est probable qu’Ahidjo pensait pouvoir contrôler Paul Biya à distance, mais il a rapidement perdu cette influence. Sa démission reste entourée de mystères, et son exil témoigne qu’il n’avait peut-être pas envisagé un retrait total du pouvoir.