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Les années Biya, quand l’anneau de sang s’enfile au doigt des ombres



Le journaliste et patron de Le jour, quotidien camerounais de grande réputation, en exil aux États-Unis depuis le décès de Martinez Zogo (assassiné) en 2023, a commis un essai de 702 pages aux éditions le Schabel en ce mois d’avril 2025. Intitulé Les Années Biya : Chronique du naufrage de la nation camerounaise », l’ouvrage est une immersion brutale dans les abysses du naufrage Camerounais sous la présidence de Paul Biya. 43 ans de pouvoir ça ne peut se raconter que dans un ouvrage épais. Mais d’epai, il n’y a que le nombre de pages; il y a aussi les couleurs, mais aussi le titre.

Le titre

Le titre Les Années Biya : Chronique du naufrage de la nation camerounaise est une longue phrase de 10 mots. La phrase connaît une pause, comme une segmentation qui pourtant n’arrête pas l’avancée de la phrase. À bien regarder, on pourrait déjà y lire une critique, celle de la longueur agaçante d’un règne qui aurait pu tenir sur trois mandats ( les trois mots avant les deux points) mais qui s’est allongé de manière agaçante et inutile. C’est ce prolongement sans raison qui semble avoir causé le « naufrage de la nation camerounaise ». La phrase est une métaphore de la vérité de terrain : la longévité au pouvoir du personnage éponyme.

À côté de cette épaisseur du vocable, le titre, il y a l’épaisseur des couleurs, la nature de l’illustration.

Les ombres plongent dans du sang

La couverture de l’ouvrage présente le portrait de Paul Biya, en costume noir, chemise blanche tachée de sang et cravate bleue, flanqué d’une paire de verres à la Sylvester Stallone. On dirait un barron de la drogue ou un gangster invétéré, en tout cas un personnage sur le chemin de qui il faut absolument éviter de se retrouver. Le tout sur un fond noir profond, comme les abysses des ténèbres infernales. On a comme l’impression que l’homme, placé de profil, donc dans une posture de défi, nourrit de sombres desseins pour « la nation ».
Les gouttes de sang qui décorent le col de sa chemise blanche poussent à penser à une sale besogne d’exécution récente. Le sang est-il celui de l’humain? Auquel cas on songerait à un meurtre.

L’autre couleur est celle de la cravate : le bleu. Mais ce bleu a quelque chose de particulier c’est qu’il se noie dans le terne de l’environnement. Le bleu qui d’ordinaire est signe d’ouverture devient ici expression de l’étouffement et du muselement. Il perd en fait de sa brillance et apparaît mieux comme une traque.

Quelle chance pour le changement ?

La dernière couleur est la couleur blanche c’est celle utilisée pour écrire le nom de l’auteur et dessiner le logo de la maison d’édition. À votre avis, l’ouvrage ouvre-t-il la voie au bout du tunnel ? Revenez moi après la lecture.

Preston Kambou

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