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 Niger :Débaptisation des noms des rues et monuments à la gloire française

Les nouvelles autorités du pays ont remplacé les célèbres noms français des lieux publics par ceux des héros nationaux.

C’est un secret de polichinelle que les nouveaux hommes forts du Niger sont panafricanistes. En chassant militaires français engagés dans la lutte anti jihadiste et explusant l’ambassadeur , ils étaient déjà entrai d’annoncer les couleurs .  Le 15 octobre 2024, la junte militaire au pouvoir a procédé à la débaptisation de plusieurs endroits historiques de la capitale Niamey, notamment ses rues et ses monuments portant des noms français. Cette démarche s’inscrit dans l’affirmation de son indépendance et son identité nationale. Une mesure qui s’inscrit dans un mouvement plus large de rejet des symboles coloniaux, visant à réhabiliter l’histoire et la culture nigériennes. Adieu l’avenue du Général-de-Gaulle et la place de la Francophonie et autres noms de célébration à la gloire française.

« La plupart de nos avenues, boulevards, rues portent des noms qui rappellent tout simplement les souffrances et les brimades subies par notre peuple par l’épreuve de la colonisation », a dénoncé le colonel-major Abdramane Amadou, ministre de la Jeunesse et porte-parole du régime.

Parmi ces rues, l’avenue Charles de Gaulle désormais baptisée Avenue Djibo Bakary.

« Cette avenue qui portait le nom du général Charles de Gaulle est désormais baptisée Avenue Djibo Bakary » s’est réjoui, lors d’une cérémonie, le colonel -major Abdramane Amadou. Une avenue qui honorera désormais une figure politique nigérienne, Djibo Bakary (1922-1998), un partisan de l’indépendance obtenue en 1960. Le centre culturel franco-nigérien qui a cessé de fonctionner en tant qu’établissement binational et a été renommé « Moustapha Alassane », du nom d’un cinéaste nigérien. Enfin, la place de la Francophonie a été renommée « place de l’Alliance des Etats du Sahel » (AES), une confédération créée en 2023 avec le Mali et le Burkina Faso, deux voisins également dirigés par des militaires arrivés au pouvoir par des putschs et qui ont tourné le dos à la France. Les trois pays ont été suspendus par les instances de la Francophonie après les coups d’Etat.

Dans la même lancée de débaptisation d’endroits historiques du pays, à Niamey, un monument a même été totalement refait. Il s’agit du portrait du commandant et explorateur français Parfait-Louis Monteil, gravé depuis des décennies dans un monument en pierre. Il a été remplacé par une plaque à l’effigie de Thomas Sankara du nom de l’ancien président du Burkina Faso voisin et figure emblématique du panafricanisme tué dans un coup d’Etat en 1987.

Cette décision de débaptisation de rues et monuments portant des noms français a aussi pour objectif de rééduquer les jeunes générations sur l’importance de valoriser l’héritage national. Toutefois, avec la montée des revendications identitaires et l’aspiration à une réécriture de l’histoire nationale, les autorités nigériennes ont jugé que ces références ne reflétaient plus les valeurs ni les aspirations du pays d’où cet action phare.

CREDIT PHOTOS BOUREIMA HAMA / AFP

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