
Le Cameroun pourrait bientôt enrichir sa liste de trésors culturels immatériels reconnus par l’Unesco. Les dossiers du Mvet Oyeng et du Guruna, deux expressions emblématiques, seront examinés en décembre 2025 lors de la 20e session du Comité intergouvernemental pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel (8–13 décembre, New Delhi, Inde). L’objectif est une possible inscription sur les listes de la Convention de 2003.
Le Mvet Oyeng — art musical, pratiques et savoir-faire associés à la communauté Ekang — a été soumis au Registre des bonnes pratiques de sauvegarde dans le cadre d’une candidature multinationale (Cameroun, Gabon, Congo). « Le dossier du Mvet est le tout premier dossier de candidature multinationale auquel le Cameroun est associé dans le cadre de la Convention 2003. En outre, c’est le tout premier dossier du Cameroun en vue d’une inscription sur la Liste de sauvegarde urgente du patrimoine culturel immatériel de l’humanité », rappelait en juin 2022 le ministre des Arts et de la Culture, Bidoung Mkpatt. Initialement, une candidature conjointe avec le Gabon et la Guinée équatoriale avait été envisagée, finalement remplacée par le Congo.
Le Guruna — pratique de retraites pastorales, socioculturelles et artistiques autour du bétail chez les Massa — est, lui, proposé pour la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité, en lien avec le Tchad. Si ces deux candidatures aboutissent, le Cameroun signerait un « 4 sur 4 » en trois ans, après l’inscription du Nguon (décembre 2023) et du Ngondo (décembre 2024).
Selon le ministère de la Culture, le comité d’évaluation de la Convention 2003 a rendu un avis favorable pour les deux dossiers, étape décisive avant la décision finale. « Après les aires culturelles Grassfield et Sawa, les aires Fang-Beti et soudano-sahélienne seront à coup sûr honorées en décembre prochain à New Delhi. Le comité d’évaluation… vient de délibérer et les deux candidatures Mvet et Guruna passent l’étape avec brio, avec un avis favorable pour leur inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité », a indiqué le ministère sur sa page Facebook le 11 novembre.
Le Cameroun a ratifié la Convention de 2003 le 16 octobre 2012, ce qui lui permet de proposer des éléments à la Liste représentative, à la Liste de sauvegarde urgente et au Registre des bonnes pratiques de sauvegarde. Par ailleurs, le pays compte trois biens inscrits sur la Liste du patrimoine mondial (matériel) : la Réserve de faune du Dja (1987), le Trinational de la Sangha (2012, site naturel partagé avec le Congo et la RCA) et le paysage culturel de Diy-Gid-Biy dans les monts Mandara (juillet 2025).
Éclairage. La convergence de deux dossiers issus des aires Fang-Beti et soudano-sahélienne illustre une stratégie patrimoniale plus équilibrée après les inscriptions du Nguon et du Ngondo. L’avis favorable de l’organe d’évaluation constitue un signal fort, mais la décision finale du Comité reste souveraine. Au-delà du prestige, une inscription ouvre l’accès à des réseaux, à des financements et à des outils de sauvegarde renforcés — à condition d’articuler transmission, recherches et pratiques vivantes au sein des communautés porteuses.
Texte et credit photo :Patricia Ngo Ngouem
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