À moins de deux mois de l’élection présidentielle prévue le 12 octobre 2025, le Cameroun est déjà plongé dans une effervescence politique dont le point d’orgue se situe dans le Grand Nord.
Fille aînée du renouveau, cette vaste région stratégique regroupe l’Adamaoua, le Nord et l’Extrême-Nord. À elle seule, elle représente plus d’un tiers du corps électoral national. C’est donc sans surprise que ce bastion électoral devient le théâtre d’une pré-campagne intense, rythmée par des démonstrations de force, des meetings et autres rassemblements populaires.
Il y a à peine deux semaines, l’ancien ministre et candidat Issa Tchiroma Bakary a rallié Garoua, accueilli par une foule en liesse. Dans la même dynamique, Bello Bouba Maigari, leader de l’Union Nationale pour la Démocratie et le Progrès (UNDP), a choisi Ngaoundéré — son fief politique dans l’Adamaoua — pour marquer les esprits. Son objectif : transformer la place des fêtes en une marée humaine acquise à sa cause. Pari réussi. Ce retour aux sources s’est voulu une affirmation de sa légitimité et de son ancrage local, rappelant la fidélité de sa région depuis le début de son parcours politique. Confiant, le candidat de l’UNDP a promis une campagne de terrain ambitieuse pour conquérir les voix du septentrion. Il a d’ailleurs évoqué la victoire historique de son parti aux législatives de 1992, où l’UNDP avait raflé tous les sièges dans la région — un rappel stratégique de son poids électoral.
La réponse du berger à la bergère ne s’est pas fait attendre. Le parti au pouvoir entend bien marquer son empreinte dans cette partie du pays. Une délégation de haut niveau, conduite par le ministre des Finances Louis-Paul Motaze, s’est rendue à Maroua. Officiellement, il s’agissait de signer des conventions constitutives entre la douane camerounaise et quatre communes de la région. Mais le déplacement a rapidement pris une tournure éminemment politique.
Entouré de poids lourds du gouvernement — Malachie Manaouda (Santé publique), Ibrahim Talba Malla (Marchés publics), Pierre Hélé (Environnement) et Georges Elanga-Obam (Décentralisation) — Louis-Paul Motaze a été accueilli à sa descente d’avion par une foule enthousiaste de militants et sympathisants du RDPC. Cette mobilisation massive s’est transformée en un véritable « rallye politique », illustrant la volonté du parti de consolider ses positions et d’envoyer un signal fort à ses adversaires dans une zone historiquement décisive.
L’UDC quant à lui installe en cette fin de mois d’Aout 2025 ses équipes de campagne et forme ses scrutateurs dans le Diamaré.L’Honorable Tomaïno Ndam Njoya a invité ses filleuls sur le terrain des enjeux politiques de cette élection présidentielle. Elle a rappelé que les électeurs sont les vrais souverains, ils détiennent le pouvoir. A aucun moment, il ne faut pas l’oublier, a-t-elle insisté. Toujours dans cette foulée, elle a souligné que sa responsabilité première est de demander à la population de Maroua et de tout le Cameroun de voter pour l’Udc. Une ère nouvelle est là, en toute rupture avec l’ordre de 1982, une ère nouvelle où tous les citoyennes et citoyens sont responsables, dans un Cameroun qui se construira par tous les Camerounais et pour tous les Camerounais. Un Cameroun où les libertés et les droits de tous sont assurés. Elle a davantage interpellé les femmes qui étaient les plus nombreuses à jouer le rôle qui est le leur. Elles sont les plus nombreuses et devraient savoir défendre leur droit en votant utile. Depuis 43 ans, la misère ambiante, le chômage touchent particulièrement les jeunes et les femmes pourtant les couches de la population la plus nombreuse. La mal, a-t-elle reconnu, vient surtout des décisions des pouvoirs publics qui sont prises sans aucun impact réel sur la vie des populations. En plus, elle a identifié les problématiques de l’insécurité et du changement climatique comme les facteurs clés du mal-être dans toute la région de l’Extrême-Nord.
La ruée vers le Nord devrait s’intensifier dans les semaines à venir. Malgré les défis majeurs auxquels la région est confrontée — notamment en matière de sécurité et de développement — son poids électoral et son attachement historique aux figures locales en font un passage obligé pour les 12 candidats en lice pour l’élection du 12 octobre 2025.
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