
Me Christian Ntimbane Bomo, Président Exécutif du parti Héritage, dont la requête a été rejetée par le Conseil constitutionnel, interpelle le peuple camerounais sur l’intérêt soudain de la télévision nationale pour l’article 128 du Code électoral. Cette publication survient au lendemain de la clôture des audiences du contentieux préélectoral. Lisons ensemble.
Une publication matinale de la CRTV portant sur l’article 128 du Code électoral affirme qu’un parti politique peut remplacer son candidat s’il est déclaré inéligible avant le début de la campagne électorale. Ce message n’est en rien anodin.
Il pourrait bien marquer la mise en œuvre d’une stratégie électorale en cours de gestation.
À l’issue du contentieux relatif aux candidatures, désormais clos au Conseil constitutionnel, le Conseil électoral doit publier la liste définitive des candidats à la présidentielle du 12 octobre 2025. Il se pourrait alors qu’un candidat retenu soit frappé d’inéligibilité ou que celle-ci soit découverte après coup.
Dans ce cas, l’article 128 prévoit qu’il soit remplacé dans les trois jours suivant la publication de la liste définitive par ELECAM.
Prenons l’exemple d’une perte de la nationalité camerounaise causée par une double nationalité découverte après validation des candidatures.
Le parti concerné devra alors proposer un nouveau candidat dans un délai de trois jours.
Mais qui est visé par cette étrange publication de la CRTV ce matin ? Le régime, bien connu pour son contrôle étroit, disposerait-il de preuves concernant un ou plusieurs candidats à double nationalité qu’il souhaiterait écarter ? Ou, hypothèse encore plus surprenante, le candidat naturel Paul Biya pourrait-il être déclaré inéligible pour des raisons diverses, ouvrant ainsi la voie à une nouvelle candidature au sein du RDPC ?
La décision du Professeur Maurice Kamto de soutenir ou de s’allier à un candidat retenu pourrait être déterminante pour la mise en œuvre de l’article 128.
À ce titre, plusieurs questions méritent d’être posées :
- Y aurait-il parmi les candidats, notamment ceux issus du Grand Nord, des personnalités en position d’alliance avec Maurice Kamto et possédant une double nationalité connue du pouvoir depuis plusieurs années ?
- Paul Biya, face au risque d’un revers électoral, pourrait-il se retirer pour favoriser une autre candidature issue du Grand Nord, comme celle du lamido de Tcholiré, afin d’éviter une victoire de l’opposition ?
- Ou bien passerait-il simplement le flambeau à son fils Franck Biya, à Ferdinand Ngoh Ngoh, à Samuel Mvondo Ayolo ou à une autre figure soigneusement préservée, leur évitant le passage contraignant par un congrès du RDPC, nécessaire à leur investiture comme président national ?
Quoi qu’il en soit, aucun de ces plans ne changera la donne : le troisième président de la République du Cameroun sera un enfant de Dieu.
Par Me Christian Ntimbane Bomo
Président Exécutif du Parti HERITAGE