Issues de différents secteurs d’activité, certaines entreprises qui asphyxient l’Etat ouvrent désormais leur capital aux investisseurs privés.
La récente sortie du chef de file du front des Démocrates Camerounais, Dénis Atangana sur la dizaine de Directeurs Généraux hors la loi, remet aussi sur la table des débats ces entreprises d’Etat qui ne cessent d’asphyxier les caisses déjà vides du Cameroun. En effet, c’est un secret de polichinelle que de savoir que la CDC, SODECOTON, SCDP, CAMAIR-Co, CAMTEL, CAMTAINER, sont quelques-unes sinon les principales structures sous portefeuille de la Société National d’Investissement, placées désormais sous le contrôle de la Commission Technique de Privatisation et des Liquidations depuis plus de 03 ans.
Une vaste action de privatisation et des liquidations qui devrait donner un souffle nouveau à ces Sociétés d’Etat en route sur le périlleux et escarpé chemin de la banqueroute. La Cameroon Development Corporation qui connait bien avant la crise contenue dans sa région siège du Sud-ouest, de nombreux déboires dans la production de ses principaux produits (caoutchouc, huile de palme, banane). La structure pourtant premier employeur après l’Etat devra faire avec moins de la moitié des plus de 22000 employés dont elle avait la charge, raison sans doute pour laquelle par la voix de son patron, elle a annoncé récemment un congé technique adressé à plus de 12000 salariés en attendant la restructuration prochaine. Dans ce même secteur de l’Agro-industrie, la Société de Développement de Coton devrait se séparer d’une bonne partie de ses près de 1800 employés à la suite de la cession d’action prévue dans le cadre de la stratégie de privatisation de cette entreprise.
Une cession d’action à laquelle est tout aussi soumis la Société Camerounaise des Dépôts pétroliers dont les 51% de parts détenues par l’Etat dans les plus 06 milliards de FCFA de capital de la SCDP seront mis en vente sur le marché des capitaux. La turbulente compagnie de desserte aérienne fera les frais de la cession sus évoqué sur la base d’un triptyque ‘’Scission-Liquidation-Privatisation’’ comme convenu dans un récent communiqué adressé à Joseph Dion Nguté par le locataire d’Etoudi. Pas loin de la CameroonTélécommunication, l’entreprise historique de télécommunication au déficit financier abyssal qui, à la suite d’un processus de cession d’actions et concession ouvrira son capital détenu à 100% par l’Etat, aux agents en besoin d’investissement et par conséquent enverra à la porte la grande majorité de ses plus de 2000 salariés afin de mieux faire à la concurrence.
Une compétitivité qui malgré de nouveau concept « blue » ne convainc pas de la sortie imminente du groupe de cette déroute prochaine. De même,la Société de Transit de Transport et de Containers du Cameroun, classée elle aussi dans la liste des dossiers de la CTPL ne saurait être à l’abri d’une banqueroute future.
L’histoire étant têtue, le pays renoue de façon inéluctable avec la période traumatisante de privatisations des entreprises publiques survenue au cours des années 90, dont-on sait l’issu a parfois été tragique tant pour les structures que pour les travailleurs. Une seule chose est évidente c’est bien l’absence de pression de la part des instances Internationales (BM, FMI) qui faisaient feu de tout bois pour instaurer les Plans d’ajustement Structurel dans les années 80. Aujourd’hui c’est un choix stratégique des autorités de Yaoundé qui, suite à une gestion calamiteuse, aux choix stratégiques inappropriés et à la corruption systémique causant de multiples déficits budgétaires au lendemain de l’atteinte de l’initiative PPTE, choisissent de revenir à ce procédé qui ne demande selon certains experts de la finance, qu’une conception de choix et des priorités à défendre avec à la tête des hommes compétents. Comme pour dire en paraphrasant un philosophe français du 16ème siècle que : les privatisations ne sont ni bonnes ni mauvaises tout dépend de la façon de les conduire.
Brice Ngolzok