
La Cameroon Development Corporation (CDC) a enregistré une performance impressionnante au premier trimestre 2025, avec 10 400 tonnes de bananes exportées, marquant son meilleur résultat depuis 2018. Cette reprise notable, selon l’Association bananière du Cameroun (Assobcam), est le fruit d’un soutien accru de l’État et d’un tournant après des années de crise.
Un contexte difficile et une résilience remarquable
La CDC, qui se classe comme le deuxième employeur du Cameroun après l’administration publique, se consacre à l’exploitation de plantations de bananes, d’hévéa et de palmiers à huile, principalement dans les régions du Sud-Ouest et du Littoral. Cependant, entre 2018 et 2020, ses activités avaient été gravement entravées par des violences séparatistes dans les zones anglophones du pays. Ces conflits avaient conduit à l’occupation de ses plantations, à la destruction d’infrastructures et à des menaces pesant sur le personnel, forçant ainsi l’entreprise à suspendre ses exportations pendant près de deux ans.
Après un retour timide sur le marché international en 2020, les chiffres d’exportation étaient restés modestes, se chiffrant à 5 317 tonnes au premier trimestre 2021 et à 4 541 tonnes en 2022. Toutefois, une tendance à la hausse a émergé depuis 2023, avec des exportations atteignant 7 289 tonnes en 2023 et 7 712 tonnes en 2024, culminant à 10 400 tonnes début 2025, un niveau inédit depuis le premier trimestre 2018.
Mesures de soutien et perspectives d’avenir
Cette reprise est largement attribuée à l’amélioration de la sécurité dans les zones de production et à un plan de sauvetage financier orchestré par l’État, qui est l’actionnaire unique de la CDC. En janvier 2025, le ministre des Finances, Louis Paul Motazé, a annoncé le règlement d’une dette sociale et salariale de 59,8 milliards de FCFA. Un accord avec les banques Société Générale et AGF Bank a permis de transférer cette dette, incluant des arriérés de salaires et des cotisations sociales.

Le ministre a précisé qu’une première tranche de 20 milliards de FCFA avait été versée aux employés en 2024, avec un solde de 15 milliards à régler en 2025. Par ailleurs, la dette fiscale de 31,8 milliards de FCFA a été intégrée au capital de la CDC. Ces mesures visent à apaiser les tensions sociales tout en relançant la production.
Vers une modernisation du secteur
Pour consolider cette dynamique de reprise, des négociations sont en cours avec des bailleurs internationaux afin d’obtenir des financements supplémentaires. Paul Tasong, ministre délégué à l’Économie, a souligné l’importance de moderniser les infrastructures et d’étendre les surfaces cultivables. La relance des bananeraies qui avaient été abandonnées durant la crise, associée à une meilleure sécurité, laisse entrevoir un retour progressif de la CDC parmi les acteurs majeurs du secteur agro-industriel camerounais.
Créée en 1947, la CDC représente un pilier historique de l’économie camerounaise. Avant la crise anglophone, l’entreprise contribuait de manière significative aux exportations agricoles nationales, générant des recettes annuelles dépassant les 100 milliards de FCFA. Sa résilience face aux défis sécuritaires et financiers constitue un enjeu économique crucial, mais également un symbole de la détermination du pays à surmonter ses difficultés.
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