Le célèbre cinéaste fait la peinture d’un phénomène social qui meuble le quotidien de nombreuse africain

Dans une tribune libre sur sa page Facebook, Jean Pierre Bekolo dénonce cette attitude du chauffeur africain qui méprise ceux qui restent à terre, à la merci de sa trajectoire. Lisons ensemble
LE CHAUFFEUR AFRICAIN
Fier d’être au volant d’un véhicule quand d’autres marchent à pied, le chauffeur africain est d’abord un villageois récemment promu, qui voit dans sa position de conducteur un signe de supériorité sur le piéton qu’il fut autrefois, les poules’ les chèvres, les chiens qui s’aventurent sur la chaussée. Il avance avec l’assurance de celui qui domine la route et tout ce qui s’y trouve, exigeant que tous et surtout les piétons lui cèdent le passage, non pas par simple crainte de cet engin dangereux, mais parce qu’il estime avoir changé de statut : lui roule, vous marchez, donc vous n’êtes plus ses égaux.
Son sourire éclatant à pleine dents trahit la satisfaction primitive d’un homme qui célèbre son ascension sociale, tandis que les passagers derrière lui, sur sa moto ou dans sa voiture, partagent cette complicité euphorique du privilège d’être transporté quand les autres marchent à pieds. Ce véhicule de métal, lancé à toute vitesse, lui confère une puissance nouvelle, une supériorité mécanique qui pourrait réduire en bouillie quiconque oserait lui tenir tête.
Affranchi de la marche à pied sous le soleil comme des millions de camerounais , il exulte. La voiture! La moto ! Ces engins semblent avoir été inventés pour lui tellement il se « sent » au point de mépriser ceux qui restent à terre, à la merci de sa trajectoire. Et pourtant, on a envie de lui demander « tout ça sur l’invention des autres? tu vas fabriquer ta part quand ? » paradoxe cruel!