Le projet de recasement de ces survivants piétine, l’Etat, certains donateurs et les élites du coin sont enfermés dans une spirale infernale.

Deux ans après l’éboulement de terrain survenu dans la localité de Gouaché dans le chef-lieu de la région de l’Ouest Cameroun, la population sinistrée par ce drame continue de vivre dans des habitations de fortune. Les multiples projets de recasement sont restés l’affaire des discours et les fonds annoncés ont aiguisés les appétits de certains esprits malins au détriment des bénéficiaires.
Le laxisme des pouvoirs publics
La commission d’évaluation et de recensement, dirigée par le préfet de la Mifi peine à communiquer. Au lendemain de leur enquête de terrain, ils indiquaient que l’éboulement du 28 octobre 2019 de Gouache a fait 43 morts formellement identifiés. Sur le terrain, l’équipe conduite par le préfet de la Mifi soutient avoir dénombré 226 propriétés et 986 personnes impactées par le drame. Dans le même temps, la commission indique avoir recensé 133 chefs de familles ; 26 maisons inhabitées et 9 fondations, sur le site du drame. En urgence, trois sites de fortune sont offerts par des particuliers. Le ministre de la décentralisation et du développement local débloque en urgence une enveloppe de 25 millions de Francs Cfa. Une autre enveloppe de 200 millions de Francs Cfa est mise à disposition par le président de la République. A cela s’ajoutent d’autres dons des particuliers pour faciliter la construction des habitations dans les prochains six mois suivant la catastrophe. Des maisons que les bénéficiaires continuent impatiemment d’attendre. Le quotidien des rescapés de Gouaché est loin d’être un long fleuve tranquille. « Nous avons l’impression que l’Etat nous abandonne, nous vivons pour certains à la belle étoile et dans des conditions de précarité indescriptibles » confiait à la rédaction un chef de famille qui a requis l’anonymat. La survenue de la pandémie à covid-19 est venue complexifier une situation déjà difficile.
Le jeu trouble de l’élite
Alain Foka, Samuel Eto’o et compagnies démarrent à Latsit la construction de 19 logements pour soulager les populations démunies. Initiative stoppée par le maire de la commune de Bafoussam 3eme.Dissonances entre les donateurs, l’exécutif communal, le chef supérieur Bamougoum, l’homme d’affaire Ngouchinghe Sylvestre et le gouverneur de la région de l’Ouest au grand désarroi des rescapés bénéficiaires. Tout le monde se dédouane. Bataille souterraine, conflit de personne, guerre de pouvoir et positionnement social ont réussi à réduire en cendre cette belle initiale sous le regard plus ou moins complice de l’État. A qui profite finalement cette banqueroute ?
Thierry EDJEGUE
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