Raila ODINGA 77 ans, a déposé ce lundi un recours devant la cours suprême, afin de contester les résultats de la présidentielle du 9 août dernier, qu’il qualifie de « parodie d’élection ».

En effet, soutenu par le président sortant Uhuru Kenyatta, Raila Odinga, qui était opposé au vice-président William Ruto, a été battu selon les résultats rendus publiques par la commission électorale. Odinga avait annoncé son intention de contester les résultats publiés par la Commission électorale indépendante et des frontières (IEBC), selon lesquels William Ruto le devançait d’environ 233 000 voix (50,49 % contre 48,85 %).
Selon les informations recueillies chez l’AFP, le camp Odinga affirme notamment que 140 028 bulletins n’ont pas été pris en compte et que « cela affecte sensiblement les résultats finaux dans la mesure où aucun des (…) candidats n’atteint le seuil constitutionnel de 50 % plus une voix » pour emporter l’élection au premier tour. D’autres recours seront également examinés par les sept juges de la Cour suprême. Un greffier fait savoir qu’une requête déposée par un particulier a été reçue. D’autres sont attendues.
La plus haute instance judiciaire du Kenya dispose de quatorze jours pour rendre sa décision et, en cas d’annulation du scrutin, une nouvelle élection devrait se tenir dans les soixante jours.
Des résultats qui divisent la commission électorale
S’il est vrai que le camp Odinga conteste les résultats depuis le 9 août dernier, il faut savoir que la commission électorale a connu une scission en son sein, avec une partie des commissionnaires qui s’opposent aux méthodes de leur président. Ils dénoncent une gestion «opaque» de ce dernier, et une prise de décision sans concertation avec les autres membres de la commission. Des accusations qui ont été rejetées par M. Chebukati, qui dénonce à son tour « un harcèlement et une intimidation », rappelant qu’il a agi dans le respect strict de la loi.
Raila Odinga et 10 ans de contestation
L’homme politique n’est pas à son premier forfait. Depuis 2002, il a systématiquement contesté les résultats des élections, plongeant très souvent le pays dans des crises post-électorales multiformes et très souvent sanglantes.
Âgé de 77 ans, Raila Odinga, a déjà été battu lors de ses quatre précédentes candidatures à la présidence. Il est familier de ces recours en justice, qu’il a déposés en 2013 et en 2017, année où la cour suprême avait invalidé la présidentielle en raison d’ « irrégularités » et ordonné la tenue d’une nouvelle élection, une première en Afrique.
En 2007, Odinga avait également, sans aller devant la justice, refusé le résultat, ce qui avait déclenché la pire crise post-électorale de l’histoire du pays, avec plus de 1 100 morts dans des affrontements interethniques, selon les bilans de l’AFP. Durant la campagne électorale de 2022, les deux favoris, William Ruto et Raila Odinga, s’étaient engagés à résoudre leurs éventuels différends devant la justice plutôt que dans la rue.
Si Raila Odinga a décidé de porter ses contestations devant la justice, les observateurs redoutent une énième crise dans le pays, même si William Ruto a salué la décision de ce dernier de ne pas faire un recours à la force de la rue.
Gilles Noubissie
Leave a comment