Culture : Péril sur la production cinématographique au Cameroun

Entre barrières, corruptions et tracasseries administratives, le 7ieme art bat de l’aile  

L’introduction du cinéma dans les cursus de formation des apprenants cette année scolaire 2024/2025 est l’arbre qui cache la forêt. Le secteur cinématographique est malade. Les différentes productions camerounaises qui sortent tous les jours et gagnent des prix à l’international ne doivent pas vous faire oublier le malaise profond qui y règne.

Dans une chronique libre sur sa page facebook, le français Alain Denis ouvre la boite a pandore du cinéma camerounais. Pour lui « Le cinéma n’existe pas au Cameroun. Même pas à l’état embryonnaire. Le ministère de La Culture est le premier frein à la création. Les réalisateurs doivent envoyer 32 scénarii pour que chacun émette son gain de sel moyennant un tchoco pour l’étape suivante. L’éventuel producteur (et ils sont rares) attendra 6 mois avant d’avoir le feu vert pour réaliser son projet. Oui 6 mois. Et si d’aventure il y a coproduction avec la France, avec, le consulat totalement incompétent en la matière, l’illettré en poste refusera les visas pour les comédiens et techniciens camerounais J’en ai été là victime. Ça m’a coûté 25.000 euros et la rage au cœur. 3 ans de boulot et au final le néant. Aucun visa. Darroussin et les autres jetés avec l’eau du bain. Têtu comme un breton, je continue l’aventure. J’espère que le bêtise des uns et des autres ne giflera pas l’intelligence. Je crois en mon métier et à la création artistique. »

Loin de faire l’unanimité, cette sortie a le mérite de dire tout haut ce que certains cinéastes pensent tout bas. Le réalisateur Franck Olivier NDEMA n’a pas eu de cesse d’attirer l’attention de l’opinion sur les écueils sans cesse croissant qui se dressent sur la chaine de production de film au Cameroun.  Voici sa dernière dénonciation «  Pour produire un documentaire animalier,je dois payer une taxe au ministère concerné… ( Entre 500k et 1B) pour avoir accès aux parcs animaliers

Mais avant ; je dois avoir une accréditation du…. MINCOM ( sinon je pourrais pas tourner )

SAUF QUE : j’engage des techniciens audiovisuels et peut être un journaliste (souvent même à la fin) et si je n’ai pas de journalistes dans mon équipe je n’aurai pas d’accréditation et donc impossible de produire.

Donc l’autorisation du Minac ne me sert a Rien et coûte plus cher qu’une simple accréditation du Mincom (qui me fait passer partout MAIS avec des journalistes 🤔)

Que faire???? Quand on vient dans vos bureaux, vous  n’imaginez pas UN SEUL Instant ce que nous traversons comme péripéties pour voir le produit final en télé….

Je vais partager dès à présent toutes mes expériences… » 

Le critique de cinéma Patrick TOUKO trouve qu’Alain Denis est assez excessif. S’il est vraie que les choses ne sont pas faciles au Cameroun , ce n’est pas l’enfers non plus «  Quand Alain Dénis parle d’ illettrés et de bêtises pour qualifier les dirigeants qui assurent la politique culturelle du Cameroun et le fonctionnement via les acteurs culturels, qui certes se battent pour faire des films, c’est très péjoratif.

Tous les pays- ou presque- ont des difficultés pour promouvoir la culture à travers les films, parce qu’une production cinématographique coûte cher et les procédures administratives qui vont avec demandent parfois une observation et du recul en fonction du type de film à produire. Il y a aussi ce qu’on appelle la souveraineté nationale et les sites interdits au filmage.

Par ailleurs, s’il est vrai qu’on peut avoir des frustrations sur une procédure qui n’a pas marché, ou des malentendus liés à la corruption de certains agents véreux, il ne fait aucun doute que cela n’a rien à voir-sinon, très peu- avec la structuration du domaine telle que prônée par un État.

Maintenant, les pays où il n’existe pas encore le statut de l’artiste ou une loi qui encadre le secteur culturel peuvent souffrir le martyre mais comme on n’arrête ni le progrès, ni  l’art….. À chacun de se faire une idée sans créér de l’inimitié. »

Apres l’étape de la production commence le chemin de croix de la diffusion. Les salles sont quasi   inexistantes et celles qui sont ne sont pas à la portée du cinéaste moyen.

Leave a comment

Send a Comment

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.