Batoufam :   Meffo Mbo’o Lah se dévoile sur le petit écran

Réalisé par Rihanno Mars, ce film documentaire retrace le rôle du successeure d’une matriarche au sein de la famille Batoufam à l’Ouest Cameroun.

L’opportunité de l’avant-première mondiale le 17 octobre 2024 à Dschang du film documentaire Meffo Mbo’o Lah durant le Festival International Reconnection nous permet de nous intéresser à ce projet qui raconte l’histoire d’une femme qui à 4 ans est désigné comme successeure par son père et 60ans après   prend sa chaise, lors d’un rituel communément appelé le #Tcheukouh bien connu en pays Bamiléké.  Pour mieux comprendre objet de ce projet nous sommes allés à la rencontre du réalisateur le bloggeur Rihanno Mars. Suivez plutôt :  

Focus Media Afrique :  Salut Rihanno Mars et merci de répondre à nos questions sur ton dernier projet cinématographique.

Rihanno Mars : Salut et merci pour l’intérêt que vous accorder à mon travail

Focus Media Afrique :   En quoi consiste le projet MEFO Mbo’o Lah ?

Rihanno Mars : Ce film documentaire, intitulé MEFO Mbo’o Lah, qui signifie « La reine de la concession », est une lettre d’amour, un hommage à ma mère, une femme pleine d’amour, de force et de persévérance. Je ne saurais trouver les mots pour la décrire. Toute ma vie, je l’ai vue nous porter dans ses bras tout en croyant et respectant les traditions telles que ses parents et grands-parents le lui avaient appris.

À l’âge de 4 ans, son père la désigne comme successeure de son arrière-grand-mère paternelle, Feue Youbi, ce qui fait d’elle la représentante de cette dernière et lui confie de nombreuses responsabilités, parmi lesquelles assurer la pérennité des traditions et des valeurs familiales. Soixante ans plus tard, c’est lors d’une cérémonie culturelle, communément appelée « Tcheukouh » ou « Lahnueh » en langue Batoufam, qu’elle prend officiellement la place de successeure, en présence de sa famille et de ses proches. Ce film documentaire retrace cette cérémonie traditionnelle, au cours de laquelle elle honore ses ancêtres et accepte le flambeau des traditions familiales. En tant qu’aînée de la concession, c’est un devoir pour elle de le faire, afin de permettre aux autres membres de la famille d’en faire autant. C’est également l’occasion d’organiser un *seleka* (nourrir la famille), et de porter la bénédiction pour la prospérité future, notamment pour sa famille.

Fiche technique

Titre : Meffo Mbo Lah ( la reine de la concession)

Réalisateur : Rihanno Mars

Scénario : Rihanno Mars

Producteur : Visartculture

Pays d’origine : Cameroun

Année de sortie : 2024

Première diffusion : Octobre 2024 au festival international Reconnection

Genre : Documentaire 

Musique originale : Nda Chi

Montage : Mbango Vanili Junior

Durée : 30 minutes

Langue : Français et langue Batoufam

Budget : 1,5 millions de fcfa

Focus Media Afrique :  Pourquoi avoir décidé de travailler sur un tel projet cinématographique et quelle en est la cible ? 

Rihanno Mars : Depuis que je suis enfant, j’ai toujours vu à la télévision nos traditions et coutumes présentées de manière péjorative. Ceux qui en sont les gardiens étaient souvent qualifiés de sorciers ou affublés d’autres termes dévalorisants. J’ai donc voulu porter à l’écran une femme qui respecte les traditions, non pas pour répondre directement à ces remarques déplacées sur la culture, mais pour montrer qu’il existe aussi des héros et des héroïnes au sein de notre culture. Les Africains sont la cible principale de ce projet, mais il s’adresse également au reste du monde.

Focus Media Afrique :  Originaire de l’Ouest Cameroun, quelles ont été les difficultés rencontrées durant le tournage, le montage et la réalisation du projet ?

Rihanno Mars : La principale difficulté pour mon équipe et moi a été le temps de préparation. Nous n’avons pas eu assez de temps entre l’annonce de la cérémonie et le jour J. Malheureusement, il n’était pas possible de repousser le rituel, nous avons donc dû nous adapter. Cela a été intense, mais grâce à l’équipe dynamique et créative qui m’entoure, nous avons réussi à réaliser quelque chose de remarquable.

Focus Media Afrique:  Aujourd’hui que le projet a été présenté au Festival International Reconnection quels sont les retours du public ?

Rihanno Mars : Il a été présenté le 17 octobre dernier à l’occasion de la troisième édition du Festival International Reconnection. Ceux qui ont vu le film nous ont félicités pour le travail accompli et pour l’audace de porter un tel projet à l’écran. Certains auraient aimé que le film dure plus longtemps, car il fait 30 minutes. De manière générale, nous avons reçu beaucoup de retours positifs et des encouragements à explorer davantage et à mettre en avant d’autres aspects de la culture camerounaise, en particulier la culture Bamiléké.

Focus Media Afrique :  Vous en êtes à votre deuxième documentaire, si je ne m’abuse. Pourquoi avoir choisi ce format comme outil de communication cinématographique ?

Rihanno Mars : Oui, c’est mon deuxième film documentaire, un an après mon premier film Dschang Blog : Le blogging au 237. Le film documentaire, pour moi, se rapproche beaucoup du blogging, car son contenu, tout comme celui du blog, est réfléchi, pensé et travaillé. Le cinéma documentaire est captivant pour celui qui a une histoire à raconter. De plus, il demande une audace particulière, un défi que je suis prêt à relever à chaque fois. Quand je choisis le cinéma documentaire, je deviens un griot des temps modernes.

Focus Media Afrique :  En revenant au sujet traité dans MEFO Mbo’o Lah, quelle place occupent la culture et la tradition auprès de la jeunesse africaine, en particulier camerounaise ?

Rihanno Mars : Selon moi, la jeunesse africaine est partagée entre la religion moderne et les traditions. Certains jeunes rejettent en bloc les coutumes, tandis que d’autres les embrassent pleinement. Il y a beaucoup de non-dits sur nos cultures africaines, qui ont été diabolisées pendant longtemps. On ne peut donc pas totalement blâmer les jeunes qui s’en éloignent.

Focus Media Afrique : Avez-vous été contacté par des associations et des regroupements culturels de l’Ouest pour partager votre expérience à travers la diffusion du documentaire ?

Rihanno Mars : Le film documentaire en est encore à ses premiers jours de vie. Nous sommes en train d’élaborer des stratégies pour que le film soit vu par un maximum de personnes. Parmi ces stratégies, contacter les organisations culturelles et les associations est une priorité. C’est un des piliers de notre démarche pour faire connaître et défendre le film. 

Propos recueilli par Thierry EDJEGUE

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