Le plan de croissance envisagé par le pays au cours de nouvelle décennie entre 2020 et 2030 affiche déjà des signes d’un autre éléphant blanc.

Les signes précurseurs d’une nouvelle déconvenue des prévisions relatives à une vision d’Emergence à l’horizon 2035 se dessine à nouveau. Un échec visible à travers une hausse quotidienne des prix des denrées alimentaires et autres produits de grandes consommation. Les craintes sont nombreuses selon certains observateurs avertis à l’instar de l’Economiste Dieudonné Essomba qui rappelait depuis une demie dizaine d’années que l’approche par promotion des importations serait au centre du déclin de l’économie déjà assez fragile du Cameroun. Comment un pays qui prend au sérieux peut-il importer jusqu’au simple cure-dents ? S’interrogeait-il sur plusieurs plateaux de télévision.
Selon le nouveau plan de développement du Cameroun étalé sur la décennie 2020-2030 (SND30), quatre phases (2020-2021 ; 2022-2024 ; 2025-2027 ; 2028-2030) seront indispensables. La SND30 se base sur des réformes clés dont la refonte des Cadres Stratégiques de Performance des Programmes avec pour ambition d’avoir 8% de taux croissance moyen sur la décade. Cependant le pays de Paul Biya Sur la base de son plan de relance enregistre un taux de croissance en baisse de 0,7% en 2020 contre 3,7% en 2019 du fait de la pandémie. Une courbe qui devrait être évolutive pour se situer à 3,4% du PIB (Produit intérieur brut) en 2021, avant de s’établir à 4,4% en 2022. Des statistiques qui sont bien loin des perspectives envisagées dans la SND30 et tout aussi en décalage avec la fameuse ambition des gestionnaires des comptes publics de faire du Cameroun : « Un pays émergent, démocratique et uni dans sa diversité à l’horizon 2035 ».
Alors le Cameroun peut-il logiquement rattraper le retard qui se creuse déjà à un an seulement de la mise en œuvre du nouveau Document de Stratégie vers l’atteinte de l’Emergence du pays ? Les prémices d’un nouvel échec de la seconde phase de la vision à l’horizon 2035 ne sont-elles pas visibles au début même de ce processus ? Des interrogations rhétoriques quand on fait une rétrospection de la première phase avec le Document de Stratégie pour la Croissance et l’Emploi entre 2010 et 20219. Un plan qui entrevoyait au cours de cette décennie, d’accroitre substantiellement le niveau de vie des populations avec une croissance moyenne de 5,5% ; De créer annuellement lors de ces années des milliers d’emplois formels en réduisant de façon conséquente le sous-emploi de plus de 40 points en faisant passer ce dernier à 50% en 2020. Par ailleurs, ce plan devait ramener le taux de pauvreté monétaire de 39,9% à en 2007 à 28,7% en 2020. Des indicateurs en totale inadéquation avec la réalité actuelle où le pays n’a pu jusque-là franchir un taux de croissance moyen de 4% lors de cette décennie d’étape. Un échec dû aux lenteurs et aux mesures peu idoine dans le processus de développement dans de nombreux secteurs qui ne peut qu’objectivement inquiéter même les plus grands fanatiques et autres thuriféraires du régime quadragénaire de Yaoundé.
Brice Ngolzok
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