Dans sa parution du 30 Octobre 2024, le journal rend publique une enquête sur l’entretien des routes nationales.

Le timing de publication d’une enquête sur l’entretien des routes nationales n’est pas anodin. La vidéo de Martin Mbarga Nguele qui s’offusque sur l’état de la route Ydé-Mutengene fait le tour des réseaux sociaux. http://www.focusmediaafrique.com/travaux-publics-martin-mbarga-nguele-livre-emanuel-nganou-djoumessi/
Au cours d’une rencontre des élites du département du Nyong Esso dans le cadre du comité de développement le dernier week-end du mois d’Octobre, le patron de la police a fait preuve d’une certaine de sensibilité à l’égard des colères des populations. Mbarga NGUELE raconte l’une de ses expériences cauchemardesques de voyage « J’ai été à Mutengene, au Sud-Ouest, pour la sortie du nouveau contingent de policiers. Entre Yaoundé et Mutengene, cela a été un calvaire pour circuler. Je n’avais jamais vécu cette situation auparavant. » Le débat monte au pays de Paul Biya ; le journal Le Messager en kiosque ce mercredi 30 octobre 2024, évoque le manque de financement comme principal frein pour la réhabilitation de plusieurs routes dans notre pays.
« De manière globale, les documents consultés par nos soins renseignent que la Nationale N°3 Yaoundé-Douala-Idenau, comme beaucoup d’autres, souffre d’un même cancer : un manque d’intervention au moment où il fallait l’entretenir. Il y ‘a 10 voire 15 ans, des actions efficaces auraient dû être menées. Hélas ! L’immobilisme et l’attentisme de certains décideurs doublées de certaines contingences n’ont pas rendu possible cette opération de réhabilitation si attendue. Conséquence, l’actuel patron des Travaux publics a donc hérité d’un réseau routier dégradé et écrasé par le poids de l’âge des chaussées et le manque d’intervention », explique Le Messager.

Une patate chaude dont il ne peut s’en débarrasser quoique les efforts consentis par les équipes techniques du Ministère des Travaux publics traduisent la volonté de sauver cette route pourtant éligible à la reconstruction. A la vérité, ajoute Le Messager, des experts en Btp, la section Douala-Idenau dont fait partie Douala-Mutengene, est en fait dégradée du fait du vieillissement.
Le linéaire de route en mauvais état
Toutefois, « des travaux y ont été envisagés, notamment le changement des buses par des dalots et des travaux de chaussée. Malheureusement, depuis 2016, il est difficile de trouver une entreprise pour des interventions de manière globale dans cette région. Nous travaillons actuellement à la reconstruction de cette section et on a récemment signé un MOU avec une entreprise turque pour cela », indique la Cellule de communication du Mintp, joint au téléphone par le Messager.
La même source renseigne avec autorité que les études techniques sont entièrement réalisées et que le partenaire travaille pour la mobilisation du financement. A l’observation, la Nationale N°3 Yaoundé-Douala-Idenau n’est pas un cas isolé ; ce d’autant plus qu’aucune des 10 régions du pays n’enregistre 25% de route en bon état, pas plus qu’elle n’affiche 30% du réseau en moyen état. Dans le top 5, le linéaire de route en mauvais état est tiré par la région de l’Extrême-Nord (85,8%), suivie du Sud-Ouest (80,52%), le Nord-Ouest (79,55%) puis les régions de l’Ouest et de l’Adamaoua qui enregistrent respectivement 74,42% et 70,91%.
Les entreprises prestataires ne sont pas toujours payées dans les délais escomptés
De plus, les 2 670 projets enregistrés au cours de cette période pour l’entretien, de 19 307 km de route, 1 884 projets sont achevés soit un taux de réalisation de 70,5%. Pour ce qui est des projets en cours, ils observent visiblement un retard dans la mesure où sur 157 projets routiers recensés pour un montant de 1 470 milliards de FCFA, le taux d’exécution est de 39%. Sur la route sinueuse des financements, le ministre des Travaux publics attribue cette évolution à pas de tortue aux difficultés financières malgré que le Mintp compte généralement parmi les ministères qui bénéficient des plus gros budgets, poursuit le journal.
« Je dois reconnaitre que nous enregistrons des retards dans les exécutions en raison des raisons des difficultés économiques qui sont les nôtres. Les entreprises prestataires ne sont pas toujours payées dans les délais escomptés. Conséquemment, le rendement est affecté négativement », a-t-il avoué au micro de nos confrères de la Crtv en août dernier.
Douala-Bafoussam et Garoua-Ngaoundéré
Toutefois, relativise Nganou Djoumessi , 62 projets de construction, de réhabilitation ou d’entretien confortatif des routes et ouvrages d’art sont en cours. «Ces projets couvrent 8 685,443 km de routes en travaux. Dont 1 290, 314 km en construction, 373,38 en réhabilitation, et 7 021 ou un peu plus en entretien. Actuellement, un linéaire total de 1 346,88 km est en cours d’entretien confortatif. L’entretien confortatif est une conjonction de réhabilitation et d’entretien périodique. Ces opérations sont financées à la fois par le Fonds routier et le budget d’Investissement public à hauteur de 51,500 milliards de FCFA. A terme, ces interventions donneront un nouveau visage à ces axes et rendront aisée la circulation des usagers et des biens », a déclaré le membre du gouvernement en fin septembre dernier.
« A bien y regarder, le Mintp est victime du volume de son enveloppe budgétaire estimée à environ 500 milliards FCFA. Alors que dans l’imagerie populaire beaucoup pensent que l’ingénieur de l’Etat a largement les moyens de sa politique, la réalité sur le terrain est tout autre. Les routes Douala-Bafoussam et Garoua-Ngaoundéré pour ne citer que celles-là, sont en mauvais état. En rappel, entre 2016 et 2023, le Mintp a livré près de 3000 km de routes neuves », conclut Le Messager.
A quelque jours du début de la session parlementaire du mois de Novembre 2024 consacré au budget de l’Etat cette affaire est loin d’être terminée.