Assemblée Nationale : Paul Biya brise tous les codes

L’immeuble siège de l’Assemblée nationale porte désormais le nom de Palais des Verres Paul Biya. En 43 ans de règne sans partage à la tête de l’État, c’est pour la première fois que le chef de l’État accepte qu’un édifice public soit baptisé de son nom. Ce n’est pas immérité au regard de l’œuvre du président Paul Biya dans la construction de notre démocratie parlementaire. C’est lui qui a décidé de faire revivre le multipartisme en 1991 et d’organiser de nouveau des élections législatives multipartites en 1992.

Depuis lors, l’Assemblée nationale est multicolore et est devenue le lieu de joutes politiciennes parfois enflammées, laissant transparaître une démocratie dynamique. Elle vote les lois et contrôle autant qu’elle peut l’action du gouvernement. La chambre basse fonctionne, et on le doit en partie à la volonté politique de Paul Biya de voir exister aux côtés du pouvoir exécutif un pouvoir législatif qui ne fasse pas que décorum.

Au demeurant, pourquoi Paul Biya ne s’est pas opposé au baptême du nouveau palais de verre en son nom ? Car jusqu’ici, le président de la République s’était tenu à bonne distance de cette pratique, refusant de cautionner plusieurs initiatives de culte de la personnalité. Comme aux lendemains du putsch manqué d’avril 1984, quand quelques zélateurs décidèrent de bannir le nom d’Ahmadou Ahidjo, y compris du stade omnisports éponyme, pour le remplacer par Paul Biya. L’initiative ne prospéra pas.

À la construction de l’échangeur dit de la Province, le délégué du gouvernement de Yaoundé fit construire un socle pour accueillir le buste de Paul Biya, mais l’idée fit flop. À l’occasion du comice d’Ebolowa de janvier 2011, ses « frères » du Sud avaient commandé un buste en bronze pour le placer dans un square au nom de Paul Biya dans le centre-ville, mais Paul Biya s’y opposa. Le stade d’Olembe à Yaoundé réveilla le projet des proches de Paul Biya de coller son nom à une œuvre grandiose, mais là aussi, l’homme du Renouveau fit la sourde oreille. Ce ne sera pas le stade Paul Biya, mais le complexe sportif d’Olembe.

Nous ignorons sans doute de nombreux autres projets de baptême au nom de Paul Biya tués dans l’œuf. L’ensemble des discours prononcés le vendredi 25 avril 2025 lors de la cérémonie de baptême de cet édifice révèle une seule chose : cette action est une marque de reconnaissance de la part du peuple, de qui Paul Biya tire l’essence du pouvoir.

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