Le quatrième pouvoir est à la quête permanente de son affranchissement dans un environnement hostile.
Le cadre réglementaire reconnue et garantie par la Constitution du 18 janvier 1996, et promulgué par la Loi N° 90/052 du 19 décembre 1990 sur la communication sociale plaide pour une presse libre. Seulement la réalité observée sur le terrain laisse pantois. Ce qui pousse André Achille MEKA à dire : » Au Cameroun on a la liberté de parler mais on n’a plus de liberté après avoir parlé. « la nuance observée dans les propos de ce journaliste remet au gout du jour l’éternel problématique d’une presse autonome et indépendante.
La paupérisation de la presse ronge sa liberté
Il est difficile de parler de liberté dans la famine. La presse camerounaise manque cruellement de capitaux pour bien jouer son rôle. Cette situation la fragilise et porte atteinte à son honorabilité. Une étude sous la houlette du Syndicat national des Journalistes du Cameroun (SNJC) rapporte que 46% des personnels des médias travaillent sans contrat de travail, 52% de journalistes exercent une activité parallèle pour autant que faire se peut arrondir les fins de mois, un surplus du travail souvent à l’origine des décès des suites d’Accident vasculaire cérébral (AVC), le salaire mensuel se situe moyennement autour de 100 000 FCFA tandis que 6 % seulement des journalistes camerounais bénéficient d’une assurance santé, 91 % d’entre eux sont des locataires et 45 % de journalistes voudraient quitter leur métier. Avec un tableau aussi sombre, l’équilibre et l’indépendance reste un luxe.
Informer, éduquer et divertir sont les missions essentielles de la presse. Celles-ci sont menées dans un espace professionnel qui requiert une certaine rigueur. Force est de constater que malgré le respect des règles en la matière le destin de la presse ne lui appartient pas. Achille Mbog Pibasso, Journaliste, Président de l’Observatoire camerounais de la déontologie et l’éthique dans les médias (OCADEM) fait une peinture ubuesque de la situation. Selon lui : » Pour exister et asseoir son indépendance, la presse doit se battre en permanence non seulement contre les pouvoirs politiques, mais aussi et davantage, contre les puissances économiques et financières, les lobbies tribaux, sectaires, religieux, dont l’omniprésence, même discrète, ne permet que difficilement aux médias de remplir convenablement leurs missions »
La presse camerounaise doit se réinventer pour reconquérir sa liberté
Le programme miracle aujourd’hui dans l’audiovisuel est le débat politique. Comme un effet d’entrainement, toutes les chaines s’y plient sans véritable fond. Les concepts sont les mêmes et les invités experts en tout font le tour des plateaux de télé et station radio. L ‘analyse des contenus de certains médias dégage des sujets bâclés au parfum de calomnie, de diffamation, de manipulation et de fake news au grand mépris de l’auditoire.
En Février 1991, Paul BIYA déclarait lors d’un discours » Vous avez la chance de vivre dans un pays libre, faites donc bon usage de votre liberté « Cela passe par le respect de l’éthique et de la déontologie pour les professionnels de médias.
Thierry EDJEGUE
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