L’alerte est lancée par l’Observatoire national sur les changements climatiques (ONACC). Dans son bulletin saisonnier couvrant la période de décembre 2025 à février 2026, l’institution prévoit une hausse généralisée des températures, une sécheresse marquée et une intensification de l’Harmattan sur l’ensemble du territoire camerounais.
Des dynamiques atmosphériques préoccupantes
Selon l’ONACC, la situation climatique des mois à venir sera dominée par deux phénomènes majeurs :
- L’installation de l’Harmattan, qui s’étendra de la partie septentrionale jusqu’au sud du pays.
- Le retrait du front intertropical vers l’extrême sud de la région du Sud.
Ces dynamiques devraient entraîner une « augmentation globale » des températures, avec des pics dépassant les 30 °C, notamment dans les régions de l’Extrême-Nord, du Nord, de l’Adamaoua, du Centre, du Sud et du Nord-Ouest.

Une saison sèche intense malgré quelques pluies
L’ONACC annonce ainsi « une saison sèche très marquée sur le territoire national », bien que des « pluies sporadiques » soient attendues dans les régions du Centre, du Sud, de l’Est et du Littoral. L’Harmattan, déjà perceptible dans les zones septentrionales, apportera des vents secs, froids et chargés de poussière, réduisant la visibilité et aggravant les risques sanitaires.
Paradoxalement, malgré la chaleur diurne, plusieurs localités connaîtront des nuits particulièrement froides, en particulier dans l’Extrême-Nord, le Nord et l’Adamaoua. Cette fraîcheur nocturne s’explique par la faible humidité ambiante et une forte dissipation thermique durant la nuit.
Étiage et tensions sur les ressources hydriques
L’un des points les plus préoccupants du bulletin concerne la forte évapotranspiration liée à la chaleur, qui devrait entraîner une baisse significative des niveaux d’eau dans plusieurs barrages et retenues. L’ONACC cite notamment :
- Maga et Mokolo (Extrême-Nord)
- Lagdo (Nord)
- Mbakaou (Adamaoua)
- Bamendjing et Mapé (Ouest)
- Mekin et Memve’ele (Sud)
- Lom Pangar (Est)
Ces déficits hydriques pourraient avoir des répercussions directes sur le secteur énergétique. Certains de ces ouvrages, comme Memve’ele et Lom Pangar, sont essentiels à la stabilisation de la production électrique. Une baisse prolongée des niveaux d’eau pourrait limiter la capacité de turbinage, réduire les réserves en période de pointe et accroître les risques de délestages, dans un contexte de demande énergétique croissante.

Risques sanitaires, agricoles et environnementaux accrus
Au-delà des tensions sur l’eau et l’énergie, l’ONACC prévoit une aggravation des risques sanitaires et environnementaux. Parmi les impacts les plus probables :
- Une recrudescence des maladies respiratoires (asthme, bronchite, toux, conjonctivite) due à la poussière en suspension.
- Une hausse des maladies hydriques, liée à la dégradation de la qualité de l’eau.
- Une baisse des rendements agricoles, aggravée par le stress hydrique, la chaleur excessive et la prolifération des ravageurs.
- Une insécurité alimentaire accrue, avec des répercussions sur les revenus des ménages ruraux.
Dans les zones urbaines densément peuplées, l’ONACC anticipe une intensification des îlots de chaleur, notamment à Yaoundé, Douala, Maroua, Bafoussam, Bertoua, Bamenda, Kribi, Édéa, Limbé et Kumba. Ces zones seront particulièrement vulnérables en raison de la densité du bâti, du manque de végétation et de l’intensité des activités humaines.
Thierry EDJEGUE et Patricia Ngo Ngouem de STOPBLABLACAM
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