Culture : Le masque Tukah de Bamendou refait surface

A l’occasion de la saison culturelle camerounaise avenir Paris , l’institut français du Cameroun de Yaoundé a abrite du 10 Janvier au 10 Février 2022 une exposition baptisée SUR LA ROUTE DU MUSEE DU QUAI BRANLY – JACQUES CHIRAC : DU VISIBLE A L’ INVIBLE. Un travail qui vitrine le masque Tukah de Bamendou. La rédaction de Focus Media Afrique est allé a la rencontre DONLEFACK BAMENDOU, Responsable des collections Bamendou et auteur de l’ouvrage la sculpture africaine du visible a l’invisible.

 masque Tukah
Culture : Le masque Tukah de Bamendou refait surface


FMA : Présenter nous le masque Tukah des Bamendou??


DONLEFACK BAMENDOU : Je ne sais pas quel type de présentation vous voulez avoir, mais s’il s’agit de la présentation physique, je dirais que c’est un masque constitué d’une partie humaine et d’une partie animale. La partie humaine constitue la partie inférieure, la face du masque et la partie animale est la chevelure, la partie supérieure, et le masque tukah est un masque rituel de la société et le groupe de l’ensemble des dignitaires du palais et que cette société est subdivisée en sous groupe. Chaque groupe a son jour qu’il siège au palais. Autour de ce masque et de cette société secrète il y’a une volonté de concilier la vie humaine et le milieu de vie animale. C’est pour cette raison qu’il y a une différence et que les groupes ne siègent pas le même jour, parce qu’il faut respecter l’ordre hiérarchique du monde animale, et on ne pourrait en aucun cas mélanger le prédateur aux proies, donc il faut respecter cette hiérarchie.


FMA : Quelle est la particularité de ce masque pour votre communauté ?


DONLEFACK BAMENDOU : Ce masque se situe même au niveau de la fondation de la chefferie parce qu’il a ses liens avec une danse guimne qui est devenu le nom de baptême de notre festival. Lequel a deux éléments clés de la fondation de la chefferie supérieure bamendjou, le premier est un chant de ralliement c’est a dire le guimbou qui est un chant de mobilisation, un chant rusé parce que c’était en période de d’incertitude dans le royaume que le fondateur de cette chefferie a mis sur pieds cette danse pour échapper à la curiosité et à une volonté affichée pour que sa chefferie naisse. De plus masque en lui même est un complément de ce chant de ralliement qui a permis aux personnes de confiance de sceller le lien entre les soldats qui devaient combattre en faveur de la communauté et de sceller également un pacte secret qui consiste à obéir au fondateur et assumer tout ce qui pourrait arriver en cas de trahison des ambitions du groupe.


FMA : Est-il vrai que celui exposé en ce moment à IFC de Yaoundé du 10 Janvier au 1O Février 2022 est une copie de l’original détenue dans un musée français ? Si oui quelles sont les circonstances de fabrication?


DONLEFACK BAMENDOU : Oui vous avez raison, celui qui a été exposé aujourd’hui à L’IFC est une copie de l’original, d’ailleurs c’est la première fois qu’on fait la copie du masque Tukah. Il s’agit d’une copie au modèle crocodiliens ou sauriens parce que ce n’est pas le seul modèle. Ce que nous avons aujourd’hui n’est qu’un modèle des tukah et les circonstances de la copie de la restauration de ce masque au travers de cette nouvelle copie est lié au fait qu’a un certain moment on s’est rendu compte que les projets de développement initiés par la communauté ne s’engrenaient pas. On n’avait pas réussi à créer une force d’émulation autour de la population et en même temps les plaintes s’élevaient selon lesquelles le départ de ce masque provoquait une rupture totale de l’harmonie entre les ancêtres et les vivants de la communauté bamegoum. Lorsque nous avons eu la chance d’être choisie pour porter le projet de la relance du festival bamegoum en 2019, nous nous sommes dit que c’était nécessaire avec le concours des dignitaires du palais et du roi de procéder à une forme de restauration pour l’ensemble des pratiques culturelles et rituelles qui était la particularité des bamegoum et qui aujourd’hui est tombé dans l’oubli. On a donc décidé de refaire ce masque en permettant un ensemble des rites qui l’accompagnaient lors de sa sortie ou pendant son utilisation comme objet d’initiation ainsi que suite soient restauré pour redonner vie au masque et à l’ensemble du peuple bamegoum.

FMA : A-t-il les mêmes propriétés que le premier ?


DONLEFACK BAMENDOU : Oui, à quelques détails près. Je ne pas vous le dévoiler ici parce que ça relève des secrets du palais .Il y a quelques détails qu’on n’a pas insérer sur la copie de L’IFC parce qu’il y a des éléments qui nous manquent et qu’il va falloir insérer.


FMA : Au moment où un vent de restitution des objets d’arts souffle en Afrique, que fais la communauté Bamendou pour le retour de leur masque cultuel et culturel ?


DONLEFACK BAMENDOU : Ce que fait la communauté bamegoum pour le retour de leur masque rituel et cultuel est une question compliquée. Je ne crois pas que bamegoum à grand chose à faire et c’est aussi un sujet très sensible, parce que je me suis personnellement penché sur la question et ce n’est pas facile que l’on croit. Il semble qu’en France, quand ce genre d’objets intègre le patrimoine national, il devient la propriété de tout l’Etat Français ; et s’il faut engager une procédure, ou une demande de retour, la norme voudrait que ce soit l’Etat Camerounais qui engage cette procédure. Ce que nous pouvons faire à notre niveau, c’est de faire ce que nous sommes entrain de faire, c’est à dire montrer à l’ensemble et à l’Etat Camerounais le besoin ou la place de cette valeur dans notre communauté, pour qu’ensemble nous trouvons les voies et moyens pour permettre que ce masque puisse un jour revenir, mais je ne peux pas garantir grand chose, car c’est un sujet très complexe. La communauté bamegoum ne peut pas à elle seule gagner ce combat.

FMA : Est-il vrai que cet objet a été offert ?


DONLEFACK BAMENDOU : Cet objet n’avait pas été offert comme ça se dit a un collectionneur français. Ce n’est pas que ce soit justifiable, mais je voudrais dire que le chemin du retour de ces objets est encore très très long et qu’il faut bien le peaufiner scientifiquement, et même respectant l’ensemble des règles et des lois qui régissent la circulation des patrimoines culturel dans le monde au Cameroun et surtout en France. C’est un combat aussi solide que le combat politique et les autres combats qui tournent autour de la main mise de la France sur l’Afrique, c’est pour cela que je vous dis que c’est très complexe. Nous faisons ce qu’il faut faire à notre niveau, nous battre pour que le monde entier sache que c’est un objet d’art bamendjou et que sa valeur culturelle et cultuelle n’est pas aliénable. C’est ce que nous avons commencé à faire depuis le début de la semaine, c’est la première étape de cette demande.


FMA : Nous avons appris que ce masque va séjourner en France entre les mois d’avril et Juillet 2022 quels sont les attentes de la communauté ?


DONLEFACK BAMENDOU : Le souhait de la communauté et le vœu cher des dignitaires et autre inities du palais est que ce masque se frotte voir touche celui qui est expose au musée du Louvre. Car celui qui est en France en ce moment n’est pas parti dans de bonne condition, il n’a pas suivit les rituels adéquats pour sa sortie de sa zone géographique.

Propos recueilli par Thierry EDJEGUE

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