Les Avocats Camerounais Unis Contre la Brutalité Policière appellent à la Justice

Dans une démonstration frappante de solidarité, les avocats à travers le Cameroun ont décidé collectivement de se retirer des salles d’audience, marquant une protestation significative contre l’escalade de la brutalité policière. Depuis le 5 mars 2025, cette grève nationale a révélé une frustration profonde concernant le traitement des professionnels du droit qui sont censés défendre la justice mais qui sont devenus des cibles de la violence d’État.

Des centres urbains comme Douala et Yaoundé aux petites villes comme Nkongsamba et Buea, l’absence d’avocats dans les tribunaux a créé un vide palpable dans le processus judiciaire. Me Nouvelliza Eta-Besong, Présidente de l’Association des Avocats du Fako, a exprimé avec passion le sentiment de ses pairs en déclarant : « L’État du Cameroun DOIT faire mieux. » Cette action collective souligne le mécontentement profond parmi les avocats qui ont fait face à une hostilité et une agression croissantes tout en s’acquittant de leurs devoirs professionnels.

La récente augmentation de la violence contre les avocats a attiré une attention particulière. Les agressions brutales subies par les avocats Tamfu Richard et Ngawou Gilbert, toutes deux filmées, sont emblématiques d’une tendance plus large qui a vu des professionnels du droit être battus, arrêtés et humiliés dans l’exercice de leurs fonctions. L’avocat des droits de l’homme, Me Edward Lyonga Ewule, a décrit la grève comme une « décision RETENTISSANTE » qui résonne à travers la nation. Avec des juges et des procureurs présents mais des avocats absents, les tribunaux se sont retrouvés à l’arrêt, exacerbant davantage un système judiciaire déjà tendu.

Cette crise actuelle n’est pas un incident isolé ; elle rappelle les événements de 2016, lorsque des manifestations pacifiques d’avocats et d’enseignants contre des politiques marginalisant la communauté anglophone du Cameroun ont été accueillies par une répression brutale. Ce qui a commencé comme une lutte pour la dignité et les droits s’est transformé en une crise à part entière, remodelant le paysage politique de la nation. À l’approche des élections et avec des tensions croissantes, les voix des communautés marginalisées continuent d’échoer leurs demandes de justice et de réforme.

Les expériences de Me Gilbert Ngawou mettent en lumière la réalité alarmante à laquelle font face les professionnels du droit au Cameroun. Alors qu’il représentait un client dans un litige foncier, il a été apparemment agressé, menotté et aspergé de gaz lacrymogène par la police pour avoir simplement cherché des clarifications sur une ordonnance du tribunal. Son récit poignant sert de rappel frappant des dangers auxquels font face ceux qui défendent la loi. Ngawou a raconté : « Une policière a essayé d’aider en demandant qu’on retire mes menottes parce que j’étais avocat… un agent a rétorqué : ‘Un avocat n’est rien ! Nous l’emmenons tel quel.' » De tels incidents soulèvent de sérieuses questions sur la sécurité et les droits de tous les citoyens, surtout lorsque ceux qui sont censés protéger la loi deviennent ses victimes.

Les implications de cette grève vont bien au-delà de la communauté juridique. Si les avocats sont soumis à un tel traitement, que signifie cela pour le Camerounais moyen ? Le conflit en cours a mis en lumière les fissures au sein du système judiciaire pénal, déjà accablé par le surpeuplement et les échecs systémiques. À mesure que la situation s’aggrave, le besoin de responsabilité et de réforme devient de plus en plus urgent.

Leave a comment

Send a Comment

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.