C’est la quintessence du roman » Munyal, les larmes de la patience », de Djaili Amadou Amal passe au scanner les us et coutumes du sahel.
Troisième roman, après Walaande, l’art de partager un mari et Mistiriijo la mangeuse d’âmes, l’auteure met les pieds dans le plat en abordant des sujets osés dans un écosystème particulier. Marie Gabrielle MFEGUE, journaliste culturel estime que c’est un excellent choix car selon elle il faut » Une véritable prise de conscience contre les violences conjugales, la femme ne doit pas subir un rapport sexuel forcé. Sensibiliser les gens sur la destruction psychologique que connaissent les femmes au travers de la polygamie et des tragédies qui peuvent en découler. »
La passe d’armes entre éditeurs camerounais et français
Plume engagée, Djaili Amadou Amal opère sans anesthésie la société sahélienne dont elle originaire. Sentant le succès venir François NKEME, promoteur de la maison d’édition locale « Proximité » publie cette fiction sous le titre MUNYAL, LARMES DE LA PATIENCE. Le roman remporte le prix Orange du livre et le prix panafricain de la littérature en 2019. C’est ce même ouvrage, paru sous le titre LES IMPATIENTES aux éditions Emmanuelle Colas qui a connu ce parcours :➡️ http://www.focusmediaafrique.com/cameroun-deux-recompenses-goncourt-pour-le-livre-de-djaili-amadou/
Ce livre retrace le destin de Ramla, 17 ans, arrachée à son amour pour être mariée de force avec Alhadji Issa, un homme riche et déjà marié. Hindou, sa sœur du même âge, est quant à elle contrainte d’épouser Moubarak, son cousin, alcoolique, drogué et violent. Safira, 35 ans, la première épouse d’Alhadji Issa, voit quant à elle d’un très mauvais œil l’arrivée dans son foyer de la jeune Ramla, qu’elle veut voir répudiée. Lorsque chacune désire s’opposer aux décisions que les hommes, maris, pères ou oncles leur imposent, un seul conseil leur est donné : « Munyal », qui signifie patience. Cette vertu cardinale de la culture peuple enseignée dès le plus jeune âge et répétée lors du mariage. Une forme d’assignation à tout supporter, y compris les pires violences.
Le salut passe inexorablement par l’éducation des jeunes filles
Ambassadrice de Unicef depuis le mois de Mars 2021, la coqueluche de la littérature sahélienne compte intensifier ses campagnes de sensibilisation. « Rien ne me prédestinait en tant que fille de l’Extrene Nord à être écrivaine voir ambassadrice de Unicef. J’ai pu le devenir grâce à mes ambitions personnelles, malgré un environnement hostile. C’est aussi parce que j’ai eu accès très tôt à l’éducation et aux livres. « a-t-elle déclaré pendant son installation.
Avec son association et ses équipes, elle distribue les ouvrages aux enfants et approvisionne les écoles des zones reculées des villages du Grand nord Cameroun qui n’ont jamais vu ou toucher un seul livre. Action noble selon la chroniqueuse littéraire Monika NKODO pour qui les jeunes sont le socle de la société. Ce sont eux qu’il faut transformer pour qu’ils deviennent des adultes responsables.
La maîtrise de la construction narrative de Djaili Amadou Amal apporte un souffle nouveau à la littérature africaine en générale, camerounaise en particulier. D’où la réjouissance de sa consœur auteure Djamidi Bond » Elle est une fierté immense, un symbole d’éclosion pour la littérature du Grand Nord,qui pour l’heure est encore à la dénonciation. »
Thierry EDJEGUE
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