
A la suite de la décision du Conseil de Sécurité de l’Organisation des Nations Unies (ONU) le 30 juillet dernier, relativement à la levée de l’embargo territorial sur les armes mis en place en 2013 en République centrafricaine, le continent africain est au centre d’autres nombreuses actualités géopolitiques au Mali, au Burkina, au Niger, au Congo etc.. Nous avons choisi de faire le tour de ces actualités avec Aristide Briand Reboas. Ancien Ministre de la Jeunesse et des Sports, Ancien conseiller Juridique des Droits de l’Homme de l’Union Africaine. Ancien Candidat à l’élection présidentielle de 2020 en République centrafricaine. Il est aussi et surtout spécialiste des questions de Relations Internationales, auteur de plusieurs ouvrages et par ailleurs vice-président de l’Internationale Panafricaine. C’est donc un homme politique bien connu, un panafricaniste dont l’expertise va largement au-delà de son pays que nous avons joint au téléphone pour faire le tour de l’actualité politique africaine. Suivez plutôt 👇🏽👇🏽👇🏽
Focus Médias Afrique : Monsieur Aristide Briand Reboas, vous avez salué récemment la levée de l’embargo territorial sur les armes mis en place en 2013 après le début de la guerre civile en République Centrafricaine. Est-ce réellement une victoire diplomatique selon vous?
Ministre Reboas : Je réitère toute ma satisfaction devant cette décision Onusienne qui lève l’embargo sur les armes parce que comme je l’ai dit dans une tribune il y’a quelques jours, je trouvais à titre personnel, cette sanction injuste et arbitraire. Je n’ai jamais compris comment est-ce que l’on peut placer tout un Etat et de groupes armées sur le même piédestal pour fonder une décision ?. Je ne suis pas là pour refaire l’histoire mais saluer davantage toute la vigueur diplomatique de Son Excellence, le Professeur Faustin Archange Touadera qui n’a eu de cesse de mobiliser toute son intelligence, les partenaires de la République centrafricaine à travers des plaidoyers, des négociations et des requêtes intelligentes pour que le tort causé à notre pays soit réparé. Cette victoire diplomatique lui revient principalement mais également à tout le peuple centrafricain qui continue de lui faire confiance dans la conduite de sa destinée. Je salue par la même occasion la dextérité diplomatique de madame la Ministre des Affaires étrangères, Sylvie Baïpo-Temon qui aura été d’un apport essentiel dans ce dénouement heureux.

Focus Medias Afrique : On n’a remarqué non loin de votre pays, de nouvelles escalades langagières entre les présidents Rwandais et congolais. Pensez-vous que le conflit de l’Est de la République Démocratique du Congo qui oppose les deux voisins peut trouver une solution durable ?
Ministre Reboas : Ecoutez, il ny’a aucune crise qui ne soit pas porteuse de solutions. J’ai en mémoire cette sagesse chinoise qui dit que les crises ont ceci de méritant parce qu’elles finissent toujours par se régler autour d’une table. En d’autres termes, il n’y’a que le dialogue qui peut amener les deux parties à créer les conditions d’une désescalade. C’est l’occasion pour moi d’inviter l’Union africaine (UA) à s’impliquer dans la recherche de résolution de cette crise en cherchant de partenaires crédibles qui peuvent assurer une médiation efficace entre les Présidents Paul Kagame et Felix Tshisekedi. A l’exemple de l’issue pacifique dans le conflit frontalier de Bakassi entre le Cameroun et le Nigeria qui s’est soldée sans effusion de sang, on peut faire assoir ces deux fils d’Afrique pour l’intérêt supérieur de nos peuples.

Focus Médias Afrique : Depuis quelques jours, les relations entre Bamako et Stockholm sont au plus bas. Le pouvoir de transition au Mali a d’ailleurs ordonné, vendredi 9 août, à l’ambassadrice de Suède de quitter le territoire ceci en réaction aux déclarations d’un ministre suédois sur le soutien du pays africain à la Russie.
Ministre Reboas : Je crois que ce qui est en jeu ici c’est le refus du paternalisme occidental. Plus de 60 ans après les indépendances, il n’est pas normal de voir que certaines puissances occidentales continuent de s’ingérer dans les affaires internes des Etats africains comme si les africains étaient sous leurs coupes réglées. Il faut que cela cesse. Tant que les pays occidentaux ne comprendront pas que les temps ont changé, l’on sera obligé de faire recours à nos leviers institutionnels pour leur faire savoir que nous entendons assumer notre souveraineté et c’est ce que le Mali est en train de faire.

Focus Médias Afrique : Dans la prolongation de votre pensée, quel est votre avis sur la rupture des rapports diplomatiques d’avec l’Ukraine tel que lu dans un communiqué en date du 4 août 2024, signé du Ministre d’Etat, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Porte-parole du Gouvernement du Mali ?
Ministre Reboas : Je suis tout à fait en phase avec la démarche du pouvoir Malien. Le Mali lutte depuis de nombreuses années contre le terrorisme international. Il est donc inamissible que de puissances occidentales viennent se positionner en soutiens avec quelques mercenaires qui ont pourtant annoncé pour le cas de la rébellion touareg, se battre pour l’indépendance de l’Azawad. L’Ukraine de mon point de vue a commis une grave erreur stratégique et il lui sera difficile de se positionner en Afrique au même moment où elle peine à se libérer de sa guerre contre la Russie.

Focus Médias Afrique : On peut donc imaginer que vous soutenez parfaitement la démarche des Etats de l’AES ?
Ministre Reboas : J’ai fait le tour de ces trois pays. Le Mali, le Niger et le Burkina Faso et je peux vous dire que ces trois leaders ont muri leurs différentes initiatives et savent parfaitement où ils vont. Je souhaite simplement que les différents peuples de ces pays soient au même niveau d’information que leurs dirigeants pour qu’à un moment, il n’y ait pas de déphasage idéologique dans la démarche.

Focus Médias Afrique : Quel regard portez-vous sur l’Afrique aujourd’hui ?
Ministre Reboas : Je suis davantage convaincu que l’Afrique n’a pas d’autres destins en dehors de son destin fédéral. En mi 2023, nous nous sommes retrouvés à Abidjan, en marge du Congrés du COJEP, Parti politique de Charles Ble Goudé et avons assisté au Mini-sommet sur le Panafricanisme. Nous avons lancé l’Internationale Panafricaine qui a porté Charles Ble Goude à la présidence et moi Vice-Président de cette importante initiative. Depuis lors, nous avons, nous avons mis sur pieds une charte et sommes en train de nouer d’importants contacts auprès de décideurs africains pour matérialiser notre ambition de contribuer à faire du continent un espace intégré à l’instar de l’Union européenne. Nous préparons activement les assises de Bangui qui doivent avoir lieu avant la fin de cette année. Il y est attendu d’importants acteurs politiques, d’universitaires, des acteurs de la société civile etc qui viendront débattre de l’avenir du continent. C’est un travail qui ne se fait pas devant les lumières mais qui porte progressivement ses fruits. Je fonde bon espoir que nous sommes sur la bonne voie. Nous avons la chance de pouvoir compter sur des leaders à l’instar du Président, Professeur Faustin Archange Touadera qui soutient des initiatives panafricaines et qui n’hésite pas à se jeter dans le fourneau, en tant que grand panafricaniste.
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