La précarité ambiante qui règne dans les médias à capitaux privés a fini par ridiculiser les professionnels du domaine.
La vitesse avec laquelle se multiplie les médias privés est impressionnante. Promoteurs et patrons se lancent dans une aventure exaltante au départ qui s’achève avec peine et douleur. Journalistes et autres personnel recrutés autour des projets déchantent progressivement. Que se passe-t-il réellement ?? pourquoi ses entreprises sont-elles éternellement sous perfusion financière ? Pour qui roulent-t-elle ??
La presse privée spolie le talent et diffuse le dénuement
La survenue de la presse privée dans le paysage médiatique camerounais a diversifié l’offre en termes de contenus. Désormais concurrentiel, les professionnels sont devenus créatifs pour conserver les auditeurs ou les téléspectateurs. Faute de moyens, lesdits programmes ne font pas long feu. Le rêve s’est transformé en cauchemar.
Temple de toutes les misères, la presse privée utilise son médium pour attirer ses proies. Très jeunes, ils arrivent dans ses médias par des voies non orthodoxes. Profitant de leur naïveté, les patrons exploitent et abusent de ses derniers au nom de la renommée de leur organe. Sous-payés ou pas du tout, les employés croulent sous une misère accablante qui les poussent à bout. Dérapages, manquements et dérives sont récurrents pour arrondir les fins de mois. Conséquence, le public a de moins en moins droit à une information de qualité.
Les entreprises de presse camerounaise sont programmées pour échouer
Le cadre organique qui fait du premier détenteur d’un récépissé de création d’un journal un patron de presse fragilise le secteur. Sans bureau et matériels primaire de travail ils paraissent sans aucune périodicité. Bienvenu à la débrouillardise et aux atermoiements de toute sorte. L’environnement est très mal organisé, les conditions de travail sont généralement dévalorisantes, avec entre autres, des salaires de catéchiste quand il y en a, l’absence d’un plan de carrière pour le personnel, une insécurité sociale pour les travailleurs, à quoi il convient d’ajouter la mauvaise foi de certains promoteurs plus soucieux de leur aisance matérielle que de donner le minimum acceptable à leurs travailleurs.
Dans les sociétés modernes, l’information est un droit du citoyen. La presse garant de ce droit doit être ménagé car il est un marqueur de la démocratie. Par conséquent, l’entreprise de presse n’est pas une entreprise comme les autres, eu égard à ses missions sociales d’éducation et de formation. Elle doit bénéficier de conditions particulières pour son développement. Dans un mémorandum déposé en 2010 par l’Union des journalistes au premier ministère on peut lire comme recommandation :
– l’application effective de la loi sur la publicité dans le sens d’une répartition plus rationnelle et plus équitable des budgets publicitaires entre les entreprises nationales d’une part et entre les entreprises nationales et étrangères d’autre part ;
– la mise en place à terme d’un fonds de développement de la presse » ;
– la mise en place d’un régime fiscal spécial pour l’entreprise de presse au Cameroun ;
– l’augmentation substantielle de l’enveloppe de l’aide à la presse, et surtout la définition claire par une commission paritaire, des critères d’éligibilité des entreprises de presse à cette subvention.
Onze ans après on continue d’attendre les réponses. Devenus la risée de la société certains journalistes migrent en relationnistes, communicateurs, lobbyistes et agents commerciaux.
Thierry EDJEGUE
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