Difficile de se prononcer sur cette campagne d’assainissement des comptes publics, débutée il y a plus de 15 ans, particulièrement sur les véritables raisons qui conduisent à l’interpellation ou non d’une personnalité.
La grande incongruité qui a pignon sur rue relative au détournement de plus 180 milliards de FCFA, destinés à faire face à la pandémie de Covid 19, vient toute suite remettre sur la sellette la vaste opération de luttes contre les prévaricateurs. Lancée en 2006, Sous triturent pseudo de « l’opération épervier », ceci au lendemain de l’atteinte de l’initiative PPTTE, sous la pression des bailleurs de fonds et des populations, tous soucieux de mettre un terme à la corruption mais surtout aux multiples distractions des fonds publics opérées les gestionnaires indélicats et véreux. Le grand rapace des airs est donc apparu en son temps comme cette panacée, capable de ramener une probité au sein d’une société en panne d’éthique. Cependant la grande campagne impulsée par le précurseur de la rigueur et de la moralisation n’a toujours pas su indiqué de façon claire, les principes fondamentaux qui guident cette action à la vision de départ quasi irréprochable.
Les incongruités de l’opération
Si le champ juridique de la mise en œuvre de l’opération est relativement compréhensible, il est difficile par contre, de dire avec exactitude les critères qui militent pour l’ouverture d’un procès au Tribunal Criminel Spécial, instance créée à l’occasion, pour juger les fonctionnaires et autres détourneurs de la fortune publique. Ainsi rien ne justifie les arrestations très souvent accompagnées d’un tintamarre médiatique d’une personnalité qui bien avant son procès a déjà fait l’objet d’une condamnation publique à travers des supputations sur la base d’informations recueillies dans les couloirs du dompteur du rapace qui, d’un claquement de doigts, peu relâcher cet oiseau devenu de très mauvaise augure pour tout gestionnaire de l’Etat. Personne n’est donc en sécurité car cette campagne ouvre de plus en plus le spectre de quelques règlements de compte, malicieusement orchestrés sur des personnalités en poste dans les administrations avec la complicité des magistrats qui piétinent leur serment fondé sur l’impartialité et le désintéressement, pour davantage prévaloir la présomption de culpabilité du justiciable dans l’optique de conduire inexorablement le bouc émissaire vers le sombre destin du cachot.
Résultats mitigés de l’opération
La création des structures de lutte contre la corruption dans le paysage camerounais augurait aux yeux du camerounais lambda, un début de compensation à la suite d’une distraction de fonds de quelques commis indélicats de l’Etat. Oh que Non ! Aucun état financier n’est visible ou alors n’est clairement énoncé depuis l’embastillement en 2005 de Gérard Ondo Ndong, l’ex Directeur Général du fond spécial d’équipement et d’intervention intercommunale (FEICOM) à l’arrestation sous les feux des projecteurs de Edgard Alain Mebe Ngo’o, ancien Ministre de la Défense en passant par l’incarcération en 2010, de Yves-Michel Fotso, ex gestionnaire de Cameroon Airlines(CAMAIR). Aucune parole publique n’est donnée de la part de l’Agence National d’Investigation financière ou encore des structures budgétivores de lutte contre la corruption telles que : La CONAC, la Chambre des Comptes ou encore le CONSUPE, sur d’éventuels recouvrements des deniers publics distraits selon de nombreuses pièces à conviction présentées par les tribunaux lors des condamnations des détourneurs des efforts nationaux. Seul indice de cette opération épervier, ce sont ces humiliations publiques de hautes personnalités, jadis adulées pour leur dévouement et leur abnégation au service de la patrie.
Brice Ngolzok
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