La grogne qui perdure dans les régions dites anglophones du Cameroun entre le régime de Yaoundé et les sécessionnistes n’est que la continuité de nombreuses actions isolées mais ignorées.
Le communiqué de presse signé de Cyrille Serge Atonfack Guemo, Chef de la division de la communication du ministère de la Défense en date du 20 septembre 2021, dans lequel il est fait mention d’un bilan cumulé d’une quinzaine de soldats et de plusieurs civils tués, ainsi que de trois véhicules de guerre endommagés ne fait qu’alimenter les débats dans les lieux tant huppés des érudits de la vie sociopolitique que de ceux des profanes de la grammaire géopolitique. Un message alarmiste et coloré de tristesse qui ouvre à nouveau le livre des souvenirs de cette crise survenue dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun.
Revendications corporatistes .
Le mois d’octobre 2016 reste sans doute gravé dans les mémoires de la quasi-totalité des observateurs avertis de la vie sociopolitique camerounaise. Le 11 octobre 2016, marque le début de cette crise endogène aux revendications multiples avec une manifestation d’une dizaine d’avocats du Nord-ouest et du Sud-ouest à Bamenda contre l’absence de traduction en anglais de l’acte uniforme OHADA et contre l’affectation de magistrats francophones dans les tribunaux de ces zones d’une part. Ils exigent entre autres, la création d’une section à la cour suprême des recours en anglais et de la création d’une section common law à l’ENAM. 21 octobre 2016, descente des enseignants du NOSO pour réclamer l’affectation d’enseignants francophones dans les écoles francophones.
Mobilisation politique
Les revendications professionnelles vont avoir une connotation politique dès le 08 Décembre 2016 avec le meeting de RDPC bloqué à Bamenda. Le cortège du Premier Ministre, Philémon Yang est empêché d’accéder à ce meeting que les grévistes considèrent comme étant une provocation. Des affrontements entre forces de l’ordre et manifestants feront 02 morts. 09 janvier 2017, le consortium de la société civile du Cameroun anglophone (CRCSC) lance la première opération ville morte. Dans la foulée, René Emanuel SADI, Ministre de l’Administration territoriale d’alors, publie le 17 janvier 2017, un arrêté portant interdiction de toutes activités au Cameroun du Southern Cameroon National Council(SCNC) et aussi le consortium de la société civile. L’arrestation de Agbor Félix NKONGHO et plusieurs activistes sont transférés à Yaoundé. La coupure d’internet est effective dans ces parties du Cameroun.
Enlisement armé
Malgré les actions du gouvernement en vue de résoudre les nombreuses revendications corporatistes entre le 20 janvier 2017 et le 30 août 2017 avec consécutivement : la traduction en anglais d’une dizaine de textes parmi lesquels l’acte OHADA, le nouveau code pénal, la création de la Commission nationale pour la promotion du multiculturalisme et du bilinguisme, le Rétablissement de la connexion Internet, l’arrêt des poursuites judiciaires contre 15 leaders anglophones emprisonnés le 17 janvier dont certains ont bénéficié de la grâce présidentielle. Insuffisant pour les activistes qui exigent la libération du journaliste Mancho BIBIXY, alias BBC, animateur radio aux positions radicalistes. Des revendications couplées à des actes d’incivismes qui vont conduire de façon progressive aux affrontements entre les Forces de Défense et de Sécurité et les insurgés au lendemain d’une explosion d’une bombe artisanale à Bamenda et de la naissance de « AMBAZONIA », Etat crée par les activistes le 21 septembre 2017. Malheureusement, depuis le début du conflit en fin d’année 2016, les chiffres officiels font état de quelques 1200 soldats morts sur le théâtre des opérations au NOSO et plus de 3 500 personnes civiles tuées et plus de 700 000 autres forcées à fuir leur domicile.
Brice Ngolzok
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