Télécoms : L’échec confirmé de la stratégie du numérique au Cameroun

Télécoms : L’échec confirmé de la stratégie du numérique au Cameroun

Le plan mis sur pieds en décembre 2015 par le Chef de l’Etat et lancé en 2016 par le ministère des Postes et Télécommunication (MINPOSTEL) est loin de tenir la promesse des fleurs.

En jouant une fois de plus les stars le 06 juillet 2021 devant quelques naïfs étudiants de l’Ecole Nationale des Postes, des Télécommunications et des Technologies de l’Information et de la Communication dans le cadre de la seconde édition du Cameroon Digital Boost, Minette Libong Li Likeng réveille en quelque sorte la mémoire de nombreux érudits des TIC cet échec cuisant de la Stratégie Cameroun Numérique 2020. En effet, dans les prévisions, c’était 50.000 emplois directs et plus de 300 milliards de FCFA de recettes fiscales issus de ce secteur.

Un ambitieux challenge que s’est donnée la patronne du ministère en charge des Postes et Télécommunication.  Minette Libong Li Likeng, affirmait à ce titre, dans une interview accordée le 26 janvier 2016 au quotidien public Cameroon tribune : « Ce plan permet de jeter les bases de la migration de notre pays vers une économie numérique, véritable levier de croissance et créateur d’emplois. Ce plan, dont la vision est de faire du Cameroun « un pays numérique à l’horizon 2020’’, est axé sur le développement des infrastructures larges bandes, l’accroissement de la production de l’offre des contenus numériques, la transformation numérique de l’ensemble des secteurs d’activités, la promotion de la culture du numérique par la généralisation de l’usage des TIC dans la société de l’information, le renforcement de la confiance numérique et le développement d’une industrie locale du numérique entre autres ».

Des propos qui résonnent encore dans les cranes de certains observateurs du secteur des télécoms mais dont l’écho porte de moins en moins loin à l’horizon quand vient le moment de faire le bilan 05 années plus tard. En effet, les grandes promesses d’un ‘’pays numérique à l’horizon 2020’’ se heurtent de façon palpable aux résultats de terrain. Le Plan stratégique de l’économie numérique (PSEN), visait une contribution significative du numérique au PIB de 5% en 2016 à 10% en 2020, soit environ 2300 milliards de FCFA d’apport au PIB camerounais. Pour ce faire, la stratégie gouvernementale comptait soutenir l’entrepreneuriat et l’innovation et porter le taux de pénétration d’Internet à 50% en 2020 contre moins de 20% lors du lancement de ce plan. Et selon un rapport de l’Alliance for Affordable Internet(A4AI) publié en 2017, le Cameroun occupait le 5e rang des 10 pays africains où le coût d’accès à Internet est le plus élevé et où l’accès des ménages à ce service reste faible (30% en milieu urbain et 7% en milieu rural).

Des indicateurs assez illustratifs de l’échec de cette vision numérique du Cameroun. Un projet dont aucune voix ne s’aventure désormais à apporter des réponses, plus une parole officielle encore moins un discours bilan à propos des avancées effectuées en la matière. Rien mais alors rien sur le devenir de l’initiative « stratégique Cameroun numérique 2020 » qui comptait tout de même développer des chaînes de valeur intégrées au sein des écosystèmes du numérique. Une dynamique construite à travers 20 incubateurs d’appui aux startups, 3 clusters et une zone franche industrielle pour la production d’équipements High tech tout au long de la période de mise en œuvre du PSEN. Pour cela, c’est environ 2 milliards de FCFA pour les incubateurs, 3 milliards pour les clusters, et 3 autres milliards pour une zone franche (PSEN) qui devait pourtant être mobilisés.

Brice Ngolzok

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