qu’est-ce que la vie chère ?
La vie chère peut se définir comme la baisse du pouvoir d’achat des ménages dans une économie. Le pouvoir d’achat lui, correspond à la quantité de biens et de services qu’un revenu permet d’acheter. Le pouvoir d’achat dépend alors du niveau du revenu et du niveau des prix. L’évolution du pouvoir d’achat correspond donc à la différence entre l’évolution des revenus des ménages et l’évolution des prix.
Si la hausse des revenus est supérieure à celle des prix, le pouvoir d’achat augmente. Dans le cas contraire, il diminue. Pour revenir au cas du Cameroun, nous pouvons qualifier la situation qui s’est empirée au 3ème et 4ème trimestre 2022 de vie chère dans la mesure où les prix des biens ont augmenté de façon significative ce qui est appelé techniquement inflation sans que l’augmentation des revenus ne suive.
Cette inflation, ou la perception des hausses de prix ait été plus aiguë pour les petits achats produits de premiers nécessités (dérivés du blé, riz, sucre, Pates alimentaires, huiles de palme et raffinée, carburant, intrants agricoles, …etc).
Il y a plusieurs façons de calculer de façon scientifique le pouvoir d’achat, afin de rapprocher les chiffres du pouvoir d’achat du ressenti des ménages, les économistes calculent aussi :
- Le pouvoir d’achat par catégories de ménages (le revenu disponible des 20% des ménages les plus aisés est généralement trois à quatre fois plus élevé que celui des 20% les plus modestes) ;
- Le pouvoir d’achat par habitant (afin de mieux refléter les situations individuelles moyennes);
- Le pouvoir d’achat arbitrable (une fois déduites les dépenses pré-engagées, dont la part a fortement augmenté ces dernières années) ;
quelles sont les conséquences de la vie chère au Cameroun ?
Sur le plan économique : Dans cette situation, l’assertion de la loi fondamentale de Keynes sur la consommation va s’appliquer et les Agents économiques consommeront de moins en moins, ce qui peut déboucher à une récession économique si cela persiste, car la baisse de la consommation va impacter la baisse de la production des entreprises également.
Dans une situation de liberté de politique monétaire, l’Etat pouvait agir sur le taux directeur de la banque centrale, en abaissant ce taux pour stimuler les investissements. Dans le cas du FCFA avec la BEAC, à mon humble avis, nous n’avons pas ce pouvoir.
Sur le plan budgétaire : Les recettes fiscales de l’Etat étant indexées sur la consommation des ménages et la performance (Production et vente) des entreprises peuvent également être affectées.
Sur le plan Social : Une fois que les populations ne pourront plus survenir à leurs besoins élémentaires ou le feront difficilement, ceci crée une tension sociale, on peut citer les Gilets jaunes en France et même la révolte sociale comme ce fut le cas en février 2008 au Cameroun avec beaucoup de morts et de biens détruits.
Quelles sont les solutions dont dispose le Cameroun pour lutter contre la vie chère ?
Levier de la relance par la consommation : Augmentation des salaires
Le Salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) est souvent l’indicateur le plus utilisé pour apprécier le niveau des salaires modestes, car c’est la couche la plus vulnérable des ménages en matière de baisse du pouvoir d’achat. Le niveau du SMIG au Cameroun se situait à 36 270 FCFA et est passé à XAF 41 875 le 31 janvier 2023. En revanche la République du Congo peut se targuer d’un bon SMIG à hauteur de 90.000FCFA. Elle est suivie du Gabon avec 80.000 FCFA. Puis la Cote d’Ivoire avec 75 000 FCFA, le Togo et le Benin avec 52 000 FCFA chacun. Au regard du niveau du SMIG de quelques pays cités plus haut, il est indéniable que le niveau des salaires reste très faible au Cameroun au regard de son PIB et de son potentiel.
Nous recommandons de ce fait une augmentation du SMIG et une revalorisation des salaires des fonctionnaires et agents du secteur public (Ces derniers ont été victime de la baisse des salaires en 1993) et des employés du secteur privé.
Cette augmentation des salaires n’aura d’impact que si cette dernière est largement supérieur à l’inflation et si elle touche effectivement les couches vulnérables, d’où le questionnement de l’efficacité des mesures prises par le gouvernement camerounais.
En effet le salaire des fonctionnaires et Agents de l’Etat a été augmenté de 5,2%, dans la foulée une augmentation des prix de l’Essence (+15,87%), Gasoil (+25,22%). Non seulement cette augmentation trouve déjà une situation d’inflation depuis la crise ukrainienne, mais elle est atténuée par l’augmentation de l’Essence et du Gasoil qui induira l’augmentation du coût du transport.
levier de la relance par la production locale pour remplacer les produits importes
Nous devons réduire l’importation de certaines denrées comme le Riz, l’huile d palme, l’huile rafinée en stimulant la production local du riz au Nord (Yagoua), Ouest (Santchou), Centre (Bafia), la production du Blé au Nord Cameroun, la production du poisson et de la viande de bœuf, Poulet et porc. C’est cette mesure qui a été dénommée import-substitution sans une véritable approche opérationnelle de sa mise en œuvre.
levier fiscal pour encourager les investissements des entreprises dans l’industrie.
Exonérer ou réduire l’impôt sur l’importation des machines et installations industrielles, nous avons besoins de mécaniser nos process agricoles pour produire en grande quantité au meilleur prix.
Une question entoure ces propositions, d’où viendra l’argent pour supporter ces ajustements ?
La bonne gouvernance et la transparence dans la gestion des fonds publics pourront dégager les ressources pour soutenir ces actions, en passant par la réduction du train de vie de l’Etat dans la mesure où nos dirigeants doivent montrer l’exemple. Il faut également noter qu’une revalorisation des salaires des fonctionnaires du secteur public détenteurs des pouvoirs pourra réduire la corruption dite de nécessité même si celle-ci n’est pas pardonnable ou justifiée tant sur le plan moral que sur le plan juridique. Le choix des hommes patriotes ayant le sens du devoir, du bien être des populations devient capital afin que ces derniers ne sacrifient pas la pensée pour privilégier leur panse.
Par Docteur YOTCHA Olivier,
Docteur en Finance, Banquier International et Expert financier Assermenté
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