Avant la fin de la première phase de poule, les prémisses d’une communion brisée entre les populations et les organisateurs se font déjà ressentir dans de nombreuses villes du Cameroun.

Le stade Roumdé Adja dans le chef-lieu de la région du Nord à Garoua, fait en apparence office de référence pour magnifier la présence et la grande émulation des populations lors du rendez-vous continental du Football. Le match qui a opposé les aigles du Nigéria aux Pharaons d’Egypte a quasiment fait le d’œuf au grand dam des officiels et autres responsables camerounais chargés de l’organisation de la coupe d’Afrique des Nations Total Energie 2021.
Grande Illusion
Une véritable poudre aux yeux selon les observateurs avertis qui ont prédit le départ des spectateurs à la fin de cette rencontre. Une prémonition juste, car le second match de la poule D entre le Soudan et la Guinée Bissau s’est joué sans une véritable contribution du 12ème joueur. « Vous devez comprendre que la ville de Garoua est très proche de la frontière avec le Nigéria et la plupart des commerçants qui échangent dans les marchés de cette capitale régionale sont des Nigérians qui viennent soit de Kano ou de kura. Vous pouvez comprendre pourquoi le stade était plein car Garoua c’est quasiment chez nous. » Déclare Abdou Tidjani, un homme d’affaire nigérian rencontré à Yaoundé. Un propos qui contraste bien avec la joie illusoire affichée par les principaux animateurs de la CAN organisée en terre camerounaise. Mais cette grammaire est en totale adéquation avec la réalité observée dans les villes hôtes.
Les vaines tentatives des autorités
Le communiqué publié ce 12 janvier 2021 par René Emmanuel Sadi, ministre camerounais de la Communication dans lequel il exhorte les populations à se rendre massivement dans les stades et la mesure de Roger Tafam, Maire de la ville de Bafoussam à l’Ouest du Cameroun en vue de mettre à la disposition des habitants de cette capitale des bus pour les transporter (gratuitement) au stade Kouekong (15 km du Centre-ville), témoignent de façon subreptice de l’échec stratégique des pouvoirs publics dans l’organisation de cette compétition.
L’action certes salvatrice de l’élu local de la région des Grassfields n’occulte tout de même pas les manquements dans la préparation et l’organisation de cette compétition depuis la désignation en 2014 du Cameroun comme pays hôte de cette fête africaine du Football. Une gestion opaque organisée par les administrations publiques dont le rendement est connu du grand nombre. Un comité d’organisation avec à la sa tête le Ministre des Sport et des commissions interministérielles dirigées par les chefs de département qui n’ont cure des propositions des entités privées et autres experts camerounais. Une absence de décision collégiale entrainant une communication institutionnelle dénuée de toute considération du peuple, principal bénéficiaire direct de ce regroupement sportif.
Le cloud de la déchéance.
Les conditions drastiques d’accès au stade relatives à une obligation vaccinale et des tests PCR (Réaction en Chaine par Polymérase) ou TDR (Test à Dépistage Rapide) énoncées en trompe à la veille de l’ouverture n’ont pas été de nature à encourager les fans du football à se rendre aux gradins des stades. Avec un taux de couverture vaccinale en dessous de 01% en fin octobre 2021, d’après un reportage des confrères de Africa 24 publié le 28 octobre 2021, les autorités pensaient frapper un grand coup en prenant cette décision, Oh que non ! Un effet boomerang se dessine plutôt dans les stades entrainant déjà quelques heurts au sein du gouvernail institutionnel qui tente tant bien que mal de ramener son peuple pourtant ignoré au début de cette grand-messe du sport roi au Cameroun. « Je n’ai l’intention de mettre mes pieds au stade, déclare Anicet Owona d’abord à cause de leur histoire du vaccin et en plus les tickets sont trop chers. Avec 3000 je bois ma bière avec une petite au bar et on voit le même match. S’ils veulent ils vont me transporter au stade comme il ont fait aux élèves des classes de terminal lors du match d’ouverture. »
Une dissonance de voix entre le peuple pourtant très excité d’accueillir actuellement les 24 meilleures nations d’Afrique mais essoufflé quelque peu dans leur élan par les thuriféraires du régime de Yaoundé bien trop occupés à gérer dans certains couloirs obscurs des administrations publiques (inaccessibles aux communs des mortels) les 13 milliards de FCFA du contribuable camerounais, destinés à l’organisation de cette mobilisation autour du ballon de football.
Brice Ngolzok
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