Cameroun : Blick Bassy s'intérroge sur la décolonisation et l'autonomie culturelle et artistique

Cameroun : Blick Bassy s'intérroge sur la décolonisation et l'autonomie culturelle et artistique

Initiée par l’artiste Blick Bassy, la table ronde autour de cette thématique s’est tenue à l’institut Goethe de Yaoundé.

Jean Pierre BEKOLO, cinéaste, Hermine YOLLO, comédienne et l’écrivain-chanteur Blick Bassy étaient les personnes ressources.  Historien, Joseph OWONA NTSAMA a modéré pendant plus de deux heures cette activité intellectuelle. Inscrite dans le cadre de la promotion de l’album  » 1958 « de l’ancien membre du groupe Macase, cette rencontre posait la responsabilité de l’art autour des questions de mémoire, souvenir et histoire.

 La quête effrénée d’une hypothétique décolonisation

L’évocation du nom Um NYOBE sur la place publique déchaîne les passions. Figure axiale de l’histoire de la décolonisation du Cameroun depuis 1950, son fantôme nous suit de différentes manières. Le concept « Blick bassy, 1958 tours » est un projet qui nous plonge inéluctablement dans la question de prise en compte de notre personnalité historique.  Soixante-trois ans après les independances, la problématique du trauma colonial reste d’actualité. Au regard des enjeux et des défis culturels, comment les artistes participent à leur manière au débat.

Le théâtre est le reflet de la société

Considéré comme le miroir de la société. Cet art influence les mœurs et transforme les mentalités. Dramaturge engagé, Hermine YOLLO affirme qu’elle a accepté à un moment donné d’endosser le rôle que le théâtre confère à ses pratiquants, c’est à dire faire miroir. Ce qui l’a amené à se défaire de sa peur et commencer à travailler sur des sujets sensibles tels que la liberté de pensée et de se penser.

Le cinéma c’est la vie de tous les jours

Le 7iéme art a ceci de particulier, qu’il diverti. Les images peuvent aveugler un peuple et le décimer à petit feu. Un cinéma engagé est celui qui montre des choses, qui régulent les expériences des frontières visuelles de l’humain. En s’appuyant sur le film de MOUDIBE, le réalisateur Jean Pierre BEKOLO estime que comme le Cameroun est une invention, l’idée c’est de se réinventer et réinventer notre histoire y compris l’indépendance. Au pays de Um Nyobe on est ignorant de son histoire. Le cinéaste nous apprend à travers sa série <<Ours whises >> que le Cameroun sous protectorat allemand est né sous la corruption, la dévaluation et la dette. Des tares qui se sont éternisés.

La musique est une forme de thérapie

La société contemporaine est malade. Blick bassy pense que la guérison réside dans la libération de la parole. Selon lui il faut :  » Laisser les gens parler, s’exprimer, se faire entendre, partager avec les autres. » La musique pour lui est un excellent canal d’expression. Sa prise de conscience de sa personnalité historique est le fruit d’une crise d’identité. Conditionné depuis notre naissance à partir voir l’original de ce qui se fait dans son pays, le citoyen camerounais est ignorant de son passé.

Une autonomisation précaire pour des artistes asservis

Pays riche et varié, le Cameroun est une exception en Afrique. Avec quatre grandes aires géoculturelles (Fang betis, sawa, grassfief et soudano-sahelien) la nation est un véritable bouillon artistique et culturel. Constamment plagié, les artistes ne cessent de se bonifier.

 Gage d’autonomie, l’argent est la chose qui pose davantage de problème à l’art. Le peu de capitaux existants pour la réalisation des projets artistiques proviennent de l’extérieur. Cette dépendance économique des artistes les fragilise car le bailleur de fond conditionne l’utilisation de ses fonds. Un tel assujettissement absorbe l’autonomie de penser l’art. C’est malheureusement la situation que vit le Cameroun depuis les independances.

La contribution de l’art au PIB est de l’ordre de 0,08%. Les batailles de clans, les querelles de chapelle, l’indivualisme et les egos surdimensionnés ont réduit l’apport de l’art à sa simple expression. Une telle situation n’est pas favorable au soutien étatique. D’où l’urgence d’un véritable schisme au niveau de la pensée.

Thierry EDJEGUE

Leave a comment

Send a Comment

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.