Environnement : L’enthousiasme cède place au désarroi à Batchenga

Environnement : L’enthousiasme cède place au désarroi à Batchenga

Cela fait suite aux impacts environnementaux mal gérés et subits par les populations du fait de la construction du barrage dans cette localité.

C’est une ambiance ordinaire qui règne dans la ville de Batchenga en cet après midi du Lundi 23 Août 2021. Journée prévue pour l’arrivée de la dizaine des médias, venus dans cette localité située à 65 kilomètres au Nord de la cité capitale du Cameroun, prendre part à une formation de deux jours sur les techniques de suivi des projets financés par les institutions financières internationales, à l’instar de la Banque Mondiale : «  Cette formation a pour but d’outiller les hommes et femmes de médias, sur les outils de suivis et d’analyse des projets financés par les institutions internationales, afin qu’ils soient capables par eux-mêmes de déceler des problèmes générés par l’arrivée de ces nombreux projets, au détriment des populations et communautés locales qui en payent généralement le prix fort, et aussi prévenir les impacts environnementaux qui peuvent en découler », selon les propos de Nelly Arianne Kameni, coordonnatrice de la plateforme IFI SYNERGY GROUP CAMEROUN .

Le choix de la ville de Batchenga pour la tenue de cette formation n’est pas anodin. Il fait suite au projet de construction dans cette localité du barrage situé à Nachtigal, fiancé par les institutions internationales parmi lesquelles, la Banque Mondiale, et dont le suivi est assuré par la NHPC, Nachigal Hydro Power Cameroon.

Projet gigantesque autour duquel, le Cameroun mobilise certes de gros espoirs, mais dont la matérialisation sur le terrain aura engendré des problèmes multiformes, mis en en orbite au cours de la formation tenue les 24 et 25 Août 2021, permettant ainsi aux hommes et femmes de médias de percevoir les difficultés auxquelles sont désormais soumises les populations et communautés, lesquelles ont pourtant vu leurs plantations et habitations détruites, sans presqu’ avoir été indemnisées à la mesure des dégâts causés «  Ce projet que nous avons applaudit au départ est venu nous appauvrir. Il a pris nos terres, détruit nos plantations, et maintenant nous n’avons plus rien. Les indemnités ne sont pas effectives. Certains ont pu toucher 70% de la somme due. D’autres sont morts sans rien touchés. Moi qui vous parle, je n’ai encore rien perçu à ce jour, pourtant sur le terrain, le projet avance. Nous on va vivre comment ? Nos enfants auront quel avenir ? La NHPC ne nous dit rien. Elle nous nargue même. Est-ce que c’est ça le développement ? » Argumente Bono Medji Chef du village Nachtigal.

La descente de terrain opérée le dernier jour de la formation conduira à vivre les récriminations sur le réel. Ainsi, du village Mebassa, en passant par le village NJI dans le département de la Lekié, jusqu’à la localité de NDOKOA dans la Haute Sanaga, les cris de désarroi sont les mêmes : sous évaluation de leurs propriétés, indemnisations partielles, déplacement et réinstallation mal faits, mauvaise consultation, les études de pêche non prises en compte, pertes de terres agricoles, des maisons et des sites sacrés, ainsi que des activités servant de subsistance, et la liste n’est pas exhaustive.

Sur le banc des accusés, la NHPC, silencieuse et soupçonnée de n’avoir pas pu respecter les mesures de sauvegarde qui président à la gestion de tout projet financé par la Banque Mondiale, ainsi que cela semble être le cas au barrage de Nachtigal.

Christian ESSIMI

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