La danse Bafia se caractérise par un pas en avant et deux pas en arrière. Au sens figuré, les chefs de la Lekie sont passés maîtres dans cet art. Ils viennent de battre le record du plus rapide revirement de position dans l’histoire moderne du Cameroun.
Après une sortie énergique dans laquelle ils soupçonnaient les services de sécurité de l’état d’être à l’origine de l’assassinat de Martinez Zogo, les chefs traditionnels de la Lekie ont décidé de faire Volte-face et de présenter des » excuses sincères au président de la République » qu’il invitait par la même occasion à s’occuper du cadavre de leur fils.
Le 26 janvier dernier, les chefs traditionnels de la Lekie se sont rendus à Ebogo, lieu où le corps de Martinez Zogo a été retrouvé, pour annoncé l’opération » Lekie morte » pour le 30 janvier. Dans une vidéo qui fera rapidement le tour de la toile, on peut écouter ces gardiens de la tradition déclarer : » Notre fils Arsène Salomon Mbami Zogo connu sous le nom de Martinez Zogo a été assassiné sauvagement, torturé, sodomisé, mutilé atrocement et jeté comme un animal en ce lieu. On nous a arraché notre fils de la pire des manières. Le mode opératoire des maquisards qui l’ont tué et de leurs commanditaires indique qu’il s’agit d’un crime impliquant les services de sécurité de l’état. Notre fils Martinez Zogo était un soutien fervent de votre régime. Il vous adulait. Il était votre fils à la limite. Vous étiez son idole. Les populations de la Lekie par notre voix, demandent que justice lui soit rendue et que ces criminels soient arrêtés et traduits en justice immédiatement « .
Ils ont également invité le président de la République à s’occuper du corps sans vie de Martinez Zogo, refusant que sa dépouille ne soit inhumée dans leur département. » Martinez Zogo est mort pour vous. Ces assassins l’ont fait pourrir et ne nous ont laissé que les asticots. Par conséquent, nous refusons de recevoir ces asticots dans la Lekie et proposons que ces asticots soient acheminés à Mvomeka et qu’il soit enterré dans le caveau familial du président. Vous son père. Une délégation des chefs traditionnels et des populations fera le déplacement pour assister aux obsèques. » Avaient-ils déclaré. Contre toute attente, ces mêmes chefs traditionnels viennent de revenir sur leurs propos, qu’ils qualifient de dérives. » Avec le temps, nous avons pris conscience de nos dérives, de nos excès. Aussi entendons nous présenter à son excellence Paul Biya, Président de la République, chef de l’État, nos plus profondes et sincères excuses pour les excès dont nous nous sommes rendus coupables à son endroit. Nous lui réitérons tout notre soutien « . Propos tenus par sa Majesté Essoa Etoga, chef supérieur Batsenga et conseiller régional du centre. C’est le même qui avait prononcé la mise en garde du 26 janvier. 11 chefs traditionnels sont signataires de cette déclaration. Un retournement de veste qui fait suite à une convocation au très redouté Secrétariat d’État à la Défense ( SED ) et à une concertation avec certaines autorités de la Lekie sous l’égide du ministre Ndong Soumhet.
Fille de la Lekie et responsable politique au PCRN, Anne Féconde Noah se demande désormais si les comportements de ces chefs sont de nature à ce qu’on les prenne au sérieux.
Kevin Fotso
Leave a comment