Ekambi Brillant : de Djébalè, au sommet de la musique africaine.

Ekambi Brillant : de Djébalè, au sommet de la musique africaine.

45 minutes en pirogue à pagaie séparent les berges de Bonassama à l’île fluviale de Djébalè. Dans les années 50, celles de la petite enfance d’Ekambi Brillant, près de 500 habitants occupent les 80 km2 que compte cet îlot. C’est dans ce bout de paradis qu’une étoile de la musique camerounaise va faire ses premiers pas. De Djébalè au sommet, retour sur le parcours d’une icône.

Le 18 juin 1948, Ekambi Brillant voit le jour à Douala dans une partie du Cameroun sous colonie française. Au lendemain de la seconde guerre mondiale, les velléités indépendantistes se font de plus en plus ressentir. Cette même année, l’UPC est fondé. Cette envie liberté, ce besoin de s’affranchir sont des facteurs qui vont marquer la société Camerounaise de cette époque. Elle contribuera à façonner son identité culturelle. Dans village de Djébalè où il grandit aux côtés de sa grande mère, le petit Ekambi n’en n’est pas exclu. Cette sexagénaire va s’occuper de son petit-fils dès l’âge de deux jours.  » La maman de ma mère va me récupérer dans les bras de ma génitrice quand je n’avais que deux jours. Ma mère avait quelques petits soucis de santé et le lait ne coulait pas. Ma grande mère m’a donc récupéré et m’a amené dans le village de Djébalè. Elle a pris des potions pour que ses vieux seins puissent produire du lait.  » Me confiait t’il au cours d’un entretien. Maître de chorale, sa grande mère va aussi lui inculquer le virus de la musique.  » Elle m’emmenait tous les soirs à 18 Heures et le matin à 5 Heures. Elle avait fait un petit panier et c’est où elle me mettait. C’est là où les premières sonorités ont commencé dans mon esprit « .

À l’âge de 14 ans, il quitte définitivement le berceau à la faveur de son admission au Lycée Général Leclerc à Yaoundé. C’est un choc. Le jeune Brillant n’est pas vraiment à sa place dans cette capitale du nouveau Cameroun indépendant au début des années 60. Ses moments de solitude vont laisser place à l’enthousiasme dès l’entame des premiers cours de chant et l’apprentissage de la guitare auprès de Zane Daniel, un professeur de musique d’origine française. Il n’ira pas au bout de son cursus scolaire comme l’avait prédit son père, un commerçant Sawa de dibombari. En 1971, alors âgé de 23 ans, il est de retour à Douala et rejoint le groupe les crack’s en tant que guitariste.

Il se présente ensuite au concours de la musique lancé par l’ORTF (Office de Radiodiffusion Télévision Française) aujourd’hui appelé RFI (Radio France Internationale), avec d’autres candidats tels que Manu Dibango, Francis Bebey dont il est le lauréat. C’est à l’issue de ce prix qu’il sort son premier disque 45 tours intitulé « Jonguèlè la Ndoloqui » qui enregistra 20 000 ventes. Arrivé en France en janvier 1972, avec le soutien de Jean Dikoto Mandengué (Bassiste camerounais), il fut produit par Phonogram et sort son second disque 45 tours qui fût également un succès avec 25 000 ventes. En 1975 il sort l’album « Africa Oumba » avec comme titre phare ‘’Elongui’’ qui a été repris par plusieurs autres artistes tant africains qu’européens. Cet album connait un record d’environ 4 millions de vente. Suivront des collaborations avec Slim Pezin comme producteur pour les titres ‘’Soul Castel’’, ‘’Musunguédi’’. [ Source : Cameroun web ]

À travers son groupe baptisé Ebis, Ekambi Brillant va contribuer à l’émergence de plusieurs artistes africains à l’instar du bassiste Aladji Touré, Angélique Kidjo, Marthe Zambo, Cella Stella ou encore Valéry lobe. Difficile de parler de sa discographie. Il laisse un héritage musical tiré du Makossa et empreinte de World, blues, Jazz… Son plus grand regret, sans doute celui d’avoir vu les plus jeunes chercher à s’inspirer ailleurs. Il ne verra non plus l’aboutissement du projet de sa fondation éponyme sur lequel il travaillait comme dernier lègue. Il en avait fait une priorité après le décès de Manu Dibango.

Brillant de par son nom et son talent, L’étoile d’Ekambi ne cessera pas d’illuminer. Son corps, par contre s’est éteint ce 12 décembre à l’hôpital la Quintinie de Douala après des mois de lutte contre la maladie. Mot’a Munyea, Na som ( l’homme célèbre, merci )

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